American Rust, Philipp Meyer

American Rust

Philipp Meyer

Editions Albin Michel

Traduction de Sarah Gurcel

Quatrième de couverture

Une petite ville de Pennsylvanie, jadis haut lieu de la sidérurgie, désormais à l’agonie. Isaac, vingt ans, est désormais seul pour s’occuper de son père invalide, sans pour autant renoncer à son rêve d’étudier à Berkeley. Avec l’aide de son meilleur ami Billy, ancienne star de l’équipe de football locale, il se décide à prendre la route, direction la Californie. Mais un mauvais hasard, et le drame qui s’ensuit, va faire voler en éclats leur fragile avenir.


Mêlant la tragédie et le portrait d’une Amérique en crise comme seuls les auteurs américains savent le faireAmerican Rust est une bouleversante histoire de loyauté et de rédemption. Réédité dans une traduction révisée, ce roman, paru en 2010 sous le titre Un arrière-goût de rouille, annonçait déjà l’immense talent de Philipp Meyer, révélé quatre ans plus tard par son chef-d’œuvre, Le Fils

Ce roman a fait l’objet d’une adaptation en série télé, sous le même titre, avec Jeff Daniels et Maura Tierney.

Mon avis

Cela fait cinq ans que la mère d’Isaac est décédée. Cela fait cinq ans que le garçon, âgé de vingt ans, s’occupe seul de son père et qu’il a sacrifié ses projets d’études. Un matin, il prend la route, décidé à réaliser ses rêves. A Buell, il n’a aucun espoir. Grâce à la sidérurgie, sa ville a connu la prospérité. Hélas, après la fermeture des entreprises, elle est devenue une cité morte. Ses habitants ont perdu leur travail, leur maison, leur joie, leurs espérances, etc.

Isaac part avec juste un sac à dos et quatre mille dollars, qu’il a pris dans le bureau de son père. Il est triste que Billy Poe, qui devait faire le voyage avec lui, l’abandonne au dernier moment. Son ami est en liberté conditionnelle, mais il accepte de l’accompagner un bout de chemin. Alors qu’ils s’abritent pour la nuit, ils font de mauvaises rencontres et le périple se transforme en drame. L’un fuit, l’autre se retrouve en prison.

American Rust est la réédition de Un arrière-goût de rouille, paru en 2010. Philipp Meyer a été révélé, quatre ans plus tard, par son roman Le fils, considéré comme un chef-d’œuvre. En ce qui me concerne, je découvre l’auteur avec American Rust.

J’ai été captivée par l’ambiance oppressante de ce récit. Plusieurs personnages décrivent leur dure existence, suite au déclin de leur ville. Les commerces ont disparu, les salaires sont faibles, le taux de chômage est astronomique. Grace confie ses difficultés pour survivre et la spirale qui l’a entraînée dans la misère, brisant l’avenir de son fils. Ce dernier, emprisonné, relate sa version des faits, ses conditions d’incarcération, les choix qu’il fait. Il protège sa mère et elle veille sur lui, prête à tout pour le sauver. En raison de leurs contradictions et de leurs déchirements, ils m’ont émue. J’ai aimé leurs portraits psychologiques, qui donnent une lecture différente de leurs actes. Quant à Isaac, il décrit son parcours vers la liberté. Il oublie que les deuils et les chagrins nous suivent où que l’on aille. Il est peu préparé à affronter les règles de la vie itinérante et il tombe dans de nombreux pièges. C’est un enfant plongé dans un monde trop grand pour lui.

L’histoire est racontée par plusieurs voix. Les évènements du début ont de graves conséquences, mais chaque protagoniste ne connaît que l’impact sur sa propre vie. Isaac ne sait pas ce qui est arrivé à Billy et ce dernier n’a pas connaissance des aventures de son ami, Grace devine les épreuves de son enfant, mais ne peut les confirmer et son fils n’imagine pas les décisions prises par sa mère. Cela produit une juxtaposition de huis clos que le lecteur est seul à pouvoir assembler. La notion de sacrifice est présente tout au long du roman : celui des enfants pour leurs parents, celui d’une mère pour sa progéniture, celui d’un homme pour une femme et ceux guidés par amitié. J’ai été très touchée par certains choix réalisés : dangereux, mais généreux.

J’ai été saisie par ce roman noir. Il décrit un voyage terrible et une descente aux enfers, qui sont illuminés par des actes motivés par l’amour qu’il soit familial, amoureux ou amical. Au fil du récit, la notion de bien et de mal s’estompe et est remplacée par l’écoute des raisons de chacun d’agir. J’ai adoré.

Je remercie sincèrement Francis des Éditions Albin Michel pour ce service presse.

5 commentaires

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