
Je suis venue te dire
Cynthia Kafka
Editions de l’Archipel
Collection Instants suspendus
Quatrième de couverture
Le parcours d’une jeune femme sur les chemins de la compréhension et du pardon. Une relation père/fille que les non-dits ont abîmée. A l’approche de la fin de vie, seuls l’amour et le respect pourront les réunir.
À 28 ans, Rose a l’âge où l’on a d’ordinaire trouvé sa voie. Or sa vie est sans charme ni éclat. Elle ne sait pas comment allumer l’étincelle qui la fera briller, mais elle connaît la cause de ce désastre : son géniteur.
Après dix ans d’absence, elle regagne sa ville natale à la rencontre de ce père tant haï pour régler ses comptes et enfin se reconstruire. Mais, surprise, elle le découvre en soins palliatifs, dans l’incapacité de répondre à ses questions, ne pouvant que l’écouter.
Entre ses croyances d’enfant et ses rancoeurs d’adulte, Rose part à la découverte de l’autre pour s’accepter. Mais comment trouver la force du pardon quand on s’est construit dans la colère ?
Mon avis
Rose a le gène de l’indécision greffé en elle. Lorsque sa tante l’a informée que son père était hospitalisé, elle a hésité une semaine, incapable de choisir : aller le voir ou pas ? Il a fallu qu’un événement, étranger à la situation, tranche pour elle. Elle devait s’éloigner de chez elle, aussi, elle a décidé de retourner dans sa ville natale. Rose a vingt-huit ans et sa vie est construite par le hasard et par les décisions que les autres prennent pour elle. Elle ne choisit pas ses amis, elle est choisie par eux. Dans tous les domaines, elle se laisse porter. Elle connaît les raisons de son attentisme : sa relation avec son père et les attentes qu’il n’a jamais comblées.
Cela fait dix ans qu’elle n’a pas vu celui qui porte si mal le nom de papa. A son arrivée au centre hospitalier, elle est surprise d’apprendre que ce dernier est en soins palliatifs et qu’il ne peut pas parler. Elle qui voulait des réponses ne peut plus les obtenir. Cependant, ce moment marque le début de l’affirmation d’elle-même. Il ne peut plus s’exprimer, mais il peut entendre. Rose a beaucoup à dire et il va devoir écouter. Pour extérioriser les souffrances et les manques qu’elle a ressentis, la jeune femme relate des situations ; elle indique l’âge qu’elle avait quand elles se sont produites. Les chapitres naviguent entre ses souvenirs d’enfance et le présent. Alors que la petite fille se replie de plus en plus, la femme s’ouvre.
A travers les anecdotes douloureuses, nous ressentons l’incompréhension de l’enfant et de l’adolescente, son mal-être, ses espoirs déçus, mais aussi son envie de maintenir le lien et les étincelles qui lui permettent d’y croire. Elle parle aussi d’amour, comme celui qu’elle a reçu de la part de personnes de son entourage. Sa colère, aussi, tend vers ce sentiment, elle en est le chemin. Elle crie, à voix basse, et son désarroi va à la rencontre du passé. En effet, la famille a vécu un drame que Rose a analysé avec ses yeux d’enfant. Les émotions et la personnalité de l’adulte exhalent le traumatisme de l’enfant et ses conséquences. J’ai été très touchée par les mots de la petite Rose au sujet de ses chagrins. Ils sont emplis de sensibilité infantile émouvante. J’ai aimé le parallèle avec le regard de celle qui a grandi et qui s’aperçoit que l’interprétation n’est pas toujours la vérité.
Cependant, Je suis venue te dire n’est pas triste. La transformation de Rose est guidée par des rencontres et de la bienveillance. Ce roman est, aussi, une histoire d’amitié et d’épanouissement. C’est un mélange de tendresse, d’émotions, de sourires, de regrets, d’espérances, de chagrin, de joie de vivre, de rancœurs et de pardon. Le cœur se serre, la gorge se noue, pourtant l’espoir l’emporte. Certains cadeaux s’offrent silencieusement. J’ai adoré ce livre qui m’a beaucoup émue.
Je remercie sincèrement Mylène des Éditions de l’Archipel pour ce service presse.