Là où les chèvres sont pires que les loups, Michel Verrier

Là où les chèvres sont pires que les loups

Michel Verrier

Editions de Borée

Collection Essentiels

Quatrième de couverture

Les Passot attendent avec anxiété la visite de Georges Perrachon, le propriétaire de la vigne qu’exploite la famille depuis douze ans. Le bail doit être renouvelé pour six nouvelles années et de ce renouvellement dépend leur survie. Joseph produit le meilleur vin de la région, mais il craint qu’un homme plus jeune, protégé par le marquis du pays, lui soit préféré. Les Passot accueillent Perrachon et son cocher en hôtes de marque, ne regardant pas à la dépense malgré leurs modestes moyens. Les négociations sont âpres, Joseph sent la réticence de Perrachon. Enfin, l’accord est conclu. Le lendemain matin, Perrachon part à l’aube, n’avertissant personne. Pendant la nuit, Jeanne, l’aînée des filles, a été assommée et violée. Bien qu’elle n’ait pas vu son agresseur, tous les soupçons se portent sur Perrachon. Mais que faire contre un monstre qui tient entre ses mains le pain quotidien de la famille ? 

Mon avis

Là où les chèvres sont pires que les loups est le premier tome d’une saga qui en comporte quatre. Il est paru en 1998, a obtenu le Prix Obiou du meilleur roman de terroir en 2000 et a été réédité le 13 mai 2021 dans la collection Essentiels des Éditions de Borée.

1827. Depuis douze ans, Joseph Passot exploite la vigne d’un riche propriétaire, George Perrachon ; les contrats sont signés pour une période de six ans et l’échéance de celui en cours approche. Joseph attend avec anxiété la venue de son employeur. Il a peur que ce dernier ne lui préfère un homme plus jeune. Il s’inquiète, également, des clauses que celui-ci a pu ajouter, puisqu’elles sont décidées unilatéralement. Son épouse, Louise, tente de le rassurer, même si elle partage ses doutes. Pourtant, Joseph produit le meilleur vin de Villé. La maison a été briquée et la meilleure pièce a été préparée pour loger monsieur Perrachon, comme le veut la tradition. Son cocher, Blanchard est installé dans une mansarde près de son maître. Le vigneron avait raison de se méfier : les négociations lui sont défavorables. Il est obligé d’accepter pour ne pas perdre son emploi et sa maison.

Pendant la nuit, Jeanne, sa fille aînée, entend des bruits inquiétants. Ne parvenant pas à se rendormir, elle décide d’aller vérifier ce qui se passe. Le lendemain matin, sa sœur la découvre, inanimée, en bas de l’escalier. Elle a été assommée et violée. Quant à George Perrachon, il est reparti un peu avant l’aube. Bien qu’elle n’ait pas vu son agresseur, Jeanne est persuadée qu’il s’agit du propriétaire terrien. Le dénoncer équivaudrait à jeter sa famille à la rue. Elle supplie sa cadette de ne rien dire, cependant, le secret ne résiste pas à l’intuition de leur mère.

Michel Verrier décrit la vie des vignerons au XIXe siècle. Il dépeint les conditions auxquelles sont assujettis ceux qui ne possèdent pas leur propre exploitation. Les contrats sont exigeants, les obligations sont multiples, les interdictions aussi et si les baux sont rompus, des familles entières sombrent. Joseph est forcé de se plier à l’injustice s’il veut nourrir les siens. Heureusement, une solidarité existe dans le milieu de la vigne. Elle est particulièrement visible au moment des vendanges, d’autant plus que Joseph est respecté et apprécié. Malheureusement, comme dans tous les villages, les jalousies et les rancœurs s’expriment à Villé. Aussi, Jeanne est déterminée à dissimuler son terrible fardeau. Elle refuse même d’en parler à son père pour lui éviter ce poids sur les épaules. Pourrait-il travailler pour le monstre qui a détruit la vie de sa fille ? La jeune femme est prête à tout pour éviter le scandale, consciente que les commères accuseraient la victime. Hélas, elle ne peut tout maîtriser.

Dans sa tourmente, Jeanne a la chance d’avoir une mère aimante. Cette dernière se débat entre la réalité pécuniaire et son envie de changer la condition féminine. Elle n’a que ses mots pour mener ses combats, mais pour l’époque, ses actes sont courageux, même s’ils sont prononcés dans l’intimité d’un bureau. Elle ne sait pas comment lutter, mais elle essaie. C’est une louve qui veut protéger sa meute. Malheureusement, le malheur n’oublie pas ceux qu’il a déjà foudroyés et les Passot vont être confrontés à de terribles épreuves. Auront-ils la force de surmonter ces nouveaux coups ? Des personnes bienveillantes se battent pour les aider, pendant que d’autres profitent de leur détresse pour les accabler. Si la justice ne l’emporte pas, l’issue sera dramatique. Mes sentiments oscillaient entre une reconnaissance envers les uns et une révolte envers les autres.

J’ai aimé cette photographie du monde viticole du début du XIXe siècle. L’auteur décrit la vie de labeur, les injustices sociales, les haines, les jalousies, les fléaux climatiques et les drames engendrés par le phylloxéra. Les femmes de ce premier opus sont courageuses, elles souhaiteraient œuvrer pour la cause féminine, mais ont peu de possibilités. Il m’a fallu un peu de temps pour m’attacher aux personnages et entrer dans l’histoire, je ne ressentais pas la forte émotion ressentie à la lecture de Pour l’amour de Marie (ma chronique est ICI). Une fois que les personnalités se sont dévoilées, mon intérêt s’est éveillé et j’ai beaucoup aimé ce roman.

Je remercie sincèrement Virginie des Éditions de Borée pour ce service presse.

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Pour l’amour de Marie

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