Là où la caravane passe, Céline Laurens

Là où la caravane passe

Céline Laurens

Editions Albin Michel

Quatrième de couverture

« C’était la coutume, quand il y avait un étranger qui arrivait, de l’emmener voir la Grande Dora qui savait toujours ce qu’il convenait de faire après l’avoir jaugé. »

Chaque année, le 15 août, ils se réunissent pour le pèlerinage de Lourdes. Ils ? Une communauté d’irréductibles gitans, habitée par les légendes, le goût de l’ailleurs, l’appétit de vivre. On trouve parmi ces funambules de l’improbable Dora la Magnifique aux pouvoirs divinatoires qui veille sur le clan avec Amos, le père Genepi et sa compagne, Theresa la Harpie, mais encore Miguel, Livio, Sara, et puis l’Etranger qui, le temps d’un été, marquera à jamais les mémoires.


Céline Laurens restitue avec un bonheur d’écrire jubilatoire cet univers rebelle aux normes, qui fascine et interroge toujours. Elle lui rend son mystère, son humanité, ses amours et ses tragédies. Mêlant réalisme et onirisme, ce premier roman révèle un contre-monde où vivre à l’excès, et jusqu’au vertige, ses passions.

Prix Révélation des Ecrivains chez Gonzague Saint Bris

Mon avis

Tous les ans, de nombreux Gitans se réunissent à Lourdes, pour la procession du 15 août. Les autochtones sont habitués, certains leur confient des travaux quand d’autres se barricadent chez eux. Cette année encore, le narrateur s’est installé avec sa communauté. Il raconte l’arrivée de l’Etranger, un blond aux yeux bleus : « son regard, c’étaient deux billes regorgeant d’une couleur trop présente pour qu’un être humain puisse la supporter à lui tout seul » (p. 11). Amos, le chef de clan, a offert l’hospitalité à celui qui s’est présenté comme un cousin sédentarisé depuis trop longtemps pour qu’on se souvienne de lui. La Grande Dora, aux pouvoirs divinatoires, a jaugé l’inconnu avant d’accepter sa présence et de rappeler que Genepi les rejoindrait bientôt, après sa sortie de prison ; elle a indiqué à la femme de ce dernier, Theresa la Harpie, qu’elle espérait qu’il resterait cette fois. Sara, une petite fille de dix ans, a ébloui l’Etranger, en dansant avec ses amies. Puis, la veillée s’est poursuivie de la manière habituelle. Pourtant, cet été-là restera gravé dans la mémoire de tous, Gitans et habitants de Lourdes.

L’histoire est contée par un homme gitan, qui aime sa communauté, mais pour qui, ce pèlerinage soulève des doutes. J’ai aimé la bonne nature de cet homme, qui prend beaucoup de choses avec philosophie. Habitué au rejet, il prend avec humour les réactions que sa présence provoque. Une rencontre, cependant, va éblouir son mois d’août, avant que celui-ci soit marqué par un cataclysme. 

Très curieuse d’approcher la culture gitane, que je ne connais pas, et attirée par la magnifique couverture, j’attendais beaucoup de ce roman. Après un début qui m’a emportée, grâce au caractère du narrateur et à son humour, j’ai, hélas, fini par m’éloigner de l’histoire. Il m’a manqué de l’action. Là où la caravane passe n’a pas comblé mes attentes, car elles étaient différentes de son essence. En effet, c’est un roman d’ambiance : celle des traditions, des veillées, de la hiérarchie au sein du clan, de la solidarité, mais aussi celle de Lourdes lorsque les gens du voyage s’installent et lorsque les touristes viennent en villégiature. Aussi, ce que j’ai ressenti comme de la lenteur est, en réalité, de la langueur qui correspond à l’atmosphère du récit, mais pas à mon envie du moment. Je pense aussi que cette lecture (comme la suivante) a souffert de mon immense coup de cœur pour Mamma Roma. Puis, un élément inattendu a ravivé mon attention, donnant un souffle à l’intrigue, qui coïncidait plus avec mon souhait.

Bien sûr, mon ressenti est personnel. Si vous aimez les romans d’ambiance, vous serez sensible à l’écriture qui mêle le réalisme au chimérique et les envolées imagées au langage familier de certains personnages. 

Je remercie sincèrement Claire et Adèle des Éditions Albin Michel pour ce service presse.

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