
Mourir au monde
Claire Conruyt
Editions Plon
Quatrième de couverture
Sœur Anne ne s’est jamais véritablement adaptée à la vie en communauté au sein du couvent où elle vit pourtant depuis vingt ans. Lorsque Mère supérieure la charge du patronage de Jeanne, une jeune postulante, se réveillent en elle des sentiments et des questions que la règle conventuelle lui avait fait oublier.
Bientôt, la relation entre les deux femmes dépasse le cadre de la formation. Jeanne est une bouffée d’air frais pour les religieuses. Mais elle bouleverse l’existence de Sœur Anne qui, à ses côtés, aperçoit la possibilité de ressaisir le sens de sa vocation et de se retrouver elle-même.
Quelle place reste-t-il pour l’affection et pour l’humanité quand entrer dans les ordres exige de se défaire de soi-même et de s’abandonner à Dieu ? Comment la communauté peut-elle comprendre que la délivrance de Sœur Anne, pour qui la foi ne suffit plus, repose entièrement sur sa relation avec Jeanne ?
Dans un style limpide et poétique, ce premier roman qui renverse la structure classique du récit d’initiation peint avec clarté et pudeur la confusion des sentiments.
Mon avis
Il y a vingt ans, la jeune Axelle s’est effacée pour devenir Sœur Anne. Elle souriait lorsqu’elle est montée dans le train, qui l’emmenait au couvent, convaincue que sa vie commençait. Pourtant, depuis deux décennies, un rêve étrange la hante tous les soirs. Dans ses songes, une part d’elle refuse d’avancer et son corps est englouti par le bitume. Seule sa tête dépasse du goudron. Sœur Anne vient de traverser une période de doutes, qui l’a contrainte à séjourner, pendant six mois, dans un petit village espagnol où résident quelques religieuses. A son retour, la mère supérieure lui confie la charge d’une nouvelle postulante, âgée de vingt ans : Jeanne. « La communauté n’a pas accueilli de postulante depuis bientôt dix ans » (p. 14). Sœur Anne va apprendre à la nouvelle à s’effacer, elle aussi, pour répondre à l’appel du Christ.
« La vie religieuse sonne une fin.
C’est mourir au monde.
Il y a ensuite une renaissance. » (p. 29)
Une amitié très forte naît entre les deux femmes. La plus jeune apporte un nouveau souffle à son aînée, qui ne veut pas étouffer cette fougue, tout en lui inculquant les règles qui régissent la communauté religieuse. Alors que Sœur Anne est le guide de Jeanne, elle devient sa protégée. Chacune veille sur l’autre. Elles passent beaucoup de temps ensemble, à échanger sur leur foi et sur le monde créé par le Seigneur, à jouer de la musique, etc. Alors que leurs affinités ne s’expriment que sur le plan intellectuel, leur proximité inquiète les autres Sœurs. Depuis longtemps, Sœur Anne est surveillée, en raison de doutes qui l’assaillent, par crise. Au côté de Jeanne, elle s’éveille et réveille ce qu’elle a enfoui, ce qu’elle a effacé : elle-même. Elle s’interroge sur sa foi et relate les répercussions familiales de sa vocation : son jumeau ne l’a pas comprise, son père a culpabilisé et sa mère lui en a voulu. Elle se questionne sur sa légitimité et vit très mal ses errements. Ses liens avec la novice lui permettent de se projeter dans son enfance, de revivre des moments forts. Elle n’oublie pas sa mission et essaie de préserver la postulante de ses hésitations, tout en lui enseignant qu’elle y sera confrontée et elle lui apprend à les apprivoiser. Elles sont nécessaires.
Le thème de ce livre ne m’attirait pas, cependant dès les premières pages, j’ai été envoûtée par l’atmosphère de Mourir au monde. J’ai été touchée par les tourments de Sœur Anne, par sa sensibilité et par celle de Jeanne. J’ai souhaité que la lumière de cette dernière entoure son amie, sans qu’elle se perde elle-même. Ce texte est intimiste et nous immerge dans les pensées de Sœur Anne, il révèle la femme que l’habit noir et blanc, sans nuances, et le voile ont étouffée. Bien que ses questionnements concernent sa foi, ce roman est un récit d’initiation, dans lequel ses sentiments profonds sont sondés. Il est l’histoire d’Axelle. Quelle place Sœur Anne lui accordera-t-elle ?
J’ai été touchée par la délicatesse de ce roman et par l’élégance des sentiments qu’il décrit.
Je remercie sincèrement les Éditions Plon pour ce service presse.