
Née par hasard Dans un monde qui s’en fout
Jade Segalen
Editions Kiwi
Quatrième de couverture
Je suis à peu près sûre que toutes les générations taclent celles d’après, parce qu’elles flippent d’être foutues au placard. De la nôtre, de génération, on disait qu’elle était inspirée par le néant, le rien, le trou noir.
C’était pas très sympa de dire ça. Y avait plein d’adolescents qui crevaient la dalle ou qui faisaient la guerre.
Donc déjà, eux, on les prenait pas en compte quand on parlait de notre génération. Ils faisaient pas la guerre exprès pour pas être mis dans le même panier, quand même. Mais moi, par exemple, j’ai eu une adolescence tout ce qu’il y a de plus banal et j’ai quand même envie d’en écrire un livre. Ça revient à la culture du rien. Faire un pataquès sur pas grand-chose. Les vieux, il fallait pas qu’ils soient à court de sujets, alors on leur servait à ça aussi.
Grâce à une voix narrative brute et sans filtre, Jade Segalen nous projette dans la réalité de son anti-héroïne.
À travers les remarques acerbes, sarcastiques mais non sans poésie de Ludivine, notre monde se dévoile et l’adolescence se réalise.
Mon avis
Les parents de Ludivine se séparent, alors qu’elle entre dans l’adolescence. Sa mère a trouvé un appartement pas trop loin de celui dans lequel ils ont vécu en famille. Mais le grand changement pour l’adolescente se produit deux ans plus tard, lorsqu’elle entre en 4ème : elle n’est plus dans la même classe que ses copines. Elle se tourne alors vers d’autres amitiés. Celle qui la marque et qui a un goût d’inachevé est celle avec Pantea. La relation n’est pas équilibrée, Ludivine se sent dominée dans beaucoup de domaines. Mais elle finit par apprendre que sa copine vit des moments difficiles au sein de son foyer.
Toutes deux ont besoin d’exister et de le montrer. Elles provoquent, elles veulent faire des expériences, elles sèchent les cours, recherchent l’émoi amoureux, elles veulent se « débarrasser » de leur virginité, tout en reculant le moment. Elles testent les limites et tombent dans des excès. Elles se cherchent. Mais lorsque l’une d’elles, exprime son mal-être d’une manière explicite, elles sont séparées. Elles ne se voient plus, l’une est en demande, l’autre ne répond pas. Pourtant, ce qu’elles vivent sans être ensemble, est une manière de se rappeler l’ancienne amie et d’atteindre ce qu’elles visaient à deux.
Ludivine raconte de quelle manière elle repousse les limites. Elle recherche la transgression. Elle raconte, sans se cacher, les faux-semblants, l’alcool, la séduction, la drogue, les soirées, etc. Ses interrogations sont celles de beaucoup d’adolescentes, cependant, je me suis sentie en décalage avec ce qu’elle relate. J’ai voulu lire ce livre, car ma fille entrera bientôt dans l’adolescence ; ses propos et ses questionnements me montrent que les filles de maintenant, ont quelques années d’avance sur notre époque. En Cm2, ses copines et elle me rappellent les ados que nous étions en 4ème, en ce qui concerne ma génération. Aussi, je pensais, en lisant ce roman, approcher ce qui m’attend. Or, cela n’a pas été ce que j’ai ressenti. Il est possible que cela vienne du fait que les jeunes filles du roman sont beaucoup livrées à elles-mêmes. Elles ont des autorisations de sorties nocturnes, alors qu’elles sont très jeunes. J’ai eu une sensation d’extrême qui ne correspond pas à ce que je connais, et j’ai été gênée par ce que vivait Ludivine, à un si jeune âge, et à sa vision des évènements. Peut-être est-ce une question d’âge, mais Née par hasard dans un monde qui s’en fout n’était pas un livre pour moi. Il est possible que cela une question de génération, car les chroniques que j’ai lues sont positives et parlent de cri du cœur. Malheureusement, je suis restée en surface, je n’ai pas fait la démarche de comprendre ce que signifiaient les conduites à risque de ces jeunes.
Mon avis est à contre-courant des autres critiques, aussi, je suis persuadée que c’est moi qui n’ai pas voulu écouter ce cri et que vous serez nombreux à l’entendre et à être touchés par ce roman.
Je remercie sincèrement Elya des Éditions Kiwi pour ce service presse.