
Le serpent majuscule
Pierre Lemaitre
Editions Albin Michel
Quatrième de couverture
« Avec Mathilde, jamais une balle plus haute que l’autre, du travail propre et sans bavures. Ce soir est une exception. Une fantaisie. Elle aurait pu agir de plus loin, faire moins de dégâts, et ne tirer qu’une seule balle, bien sûr. »
Dans ce réjouissant jeu de massacre où l’on tue tous les affreux, Pierre Lemaitre joue en virtuose de sa plume caustique. Avec cette œuvre de jeunesse inédite, il fait cadeau à ses lecteurs d’un roman noir et subversif qui marque ses adieux au genre. Dialogues cinglants, portraits saisissants, scénario impitoyable : du pur Pierre Lemaitre.
Mon avis
Dans l’avant-propos, Pierre Lemaitre indique qu’il est peu probable qu’il revienne au polar et que c’est une manière de dire qu’il est certain qu’il n’en écrira plus. Pour faire ses adieux à ce genre, il offre à ses lecteurs, le premier livre noir qu’il a écrit et qui était resté dans un tiroir. Il s’agit de son premier roman. Il sait « qu’il sera jugé avec sévérité par le lecteur intransigeant et avec bienveillance par le lecteur amical. » (p. 11) J’ai lu Le serpent majuscule en gardant à l’esprit qu’il avait été rédigé en 1985 et édité sans modification majeure.
Mathilde s’est illustrée dans la Résistance : « quand il fallait abattre des soldats, des collabos, elle était toujours là. C’était comme de droit.[…] Quand il y avait du sang, il y avait Mathilde. » (p. 79). En 1961, elle est devenue tueuse à gages. Elle a été embauchée par un ancien résistant. Elle est fière de la réussite de ses missions, avec elle, pas de tergiversations, elle tire quand le moment est approprié : une balle dans les parties intimes et une dans la gorge. Cela va vite, elle prend juste le temps de répondre au sourire de sa cible, qui ne se méfie pas d’elle. Avec l’âge, son travail est facilité : personne n’imagine qu’une dame d’une soixantaine d’années est une tueuse qui agit par contrat. Elle est insoupçonnable.
Cependant, en cette année 1985, elle commence à inquiéter sa hiérarchie. Elle ne respecte pas les protocoles, s’emmêle dans les cibles et elle semble avoir des troubles de la mémoire. Il est préférable qu’elle ne soit pas en possession de votre nom, même à titre personnel, car vous risquez de mourir simplement parce que vous avez croisé sa route. Même si c’était pour des travaux de plomberie, par exemple, et que personne ne souhaitait votre disparition : il est si facile de confondre les papiers professionnels et personnels. Elle remarque qu’elle perd la tête, mais elle est persuadée de bien gérer la situation.
Mathilde, elle dégomme et les morts s’amoncellent. Pierre Lemaitre, ne s’embarrasse pas de sentiment. Vous aimiez un personnage ? Vous ne pensiez pas qu’il mourrait ? Pan, deux balles, et on n’en parle plus : la petite dame est passée par là. Et là, nous hésitons entre rire et s’offusquer, car le destin de certaines victimes se joue sur des détails. Oh non ! Ce n’est pas vrai : lui aussi disparaît ! Au sujet du style, l’humour noir et l’ironie de Pierre Lemaitre sont déjà présents. Nous rions alors que l’auteur décrit un massacre. Le ton est complètement décalé, l’histoire est corrosive et je me suis amusée à découvrir ce parcours meurtrier. La sénilité naissante de l’héroïne est à l’origine de situations cocasses. Les lecteurs qui n’ont jamais lu les polars de l’auteur seront, peut-être, moins indulgents que ceux qui les connaissent au sujet de certains passages qui rappellent que c’est un premier roman. Pour les fans, comme je le suis, c’est un très beau cadeau de découvrir les prémices des romans noirs que nous avons adorés.
Je remercie sincèrement Claire des Éditions Albin Michel pour ce service presse.
J’ai bien envie de le lire, j’étais une grande fan des polars de Lemaitre, mais je ne sais pas s’il est vraiment mon genre celui-là…
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Il faut le lire en gardant à l’esprit que c’est le premier polar de l’auteur, comme un plaisir de sentir la patte de celui qui a écrit des supers romans noirs. Ce n’est pas aussi abouti que ses livres suivants, c’est plus une madeleine de Proust, 😉.
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