
Ranée, Tara, Sonia, Chantal, Anna
Mitali Perkins
Editions Bayard
Quatrième de couverture
Des années 1960 aux années 2000, cinq femmes cherchent leur propre voie, entre leur culture indienne et le rêve américain auquel elles aspirent.
RANEE
migre avec sa famille du Bengale à New York pour une vie meilleure.
TARA,
sa première fille, est admirée par tous, mais se sent obligée de jouer un rôle pour continuer à être aimée.
SONIA,
sa cadette, rebelle et engagée, provoque un véritable séisme au sein de la famille lorsqu’elle tombe amoureuse.
CHANTAL,
la fille de Sonia, talentueuse danseuse et athlète, est prise dans une lutte entre ses deux grands-mères et ses origines.
ANNA,
enfin, reproche à sa mère, Tara, de l’avoir forcée à quitter l’Inde pour les États-Unis et doit trouver sa place à New York.
Le fragile équilibre que les femmes de la famille Das peinent à trouver est chaque jour menacé par des blessures qui mettront des générations à cicatriser…
Mon avis
Cette saga familiale se déroule des années 1960 aux années 2000.
Ranee a forcé son mari à quitter l’Inde, leur pays d’origine. Alors que lui regrette la terre de son enfance, la mère de famille ne veut plus y vivre, bien qu’elle soit Bengali jusqu’au bout des ongles. Pourtant, elle ne veut plus habiter avec sa belle-mère et ne supporte plus d’être le centre des conversations au sujet du fait de ne pas avoir de fils. Elle a deux filles, Tara et Sonia. Si elle devait habiter à Calcutta, elle devrait vivre dans un appartement avec sa belle-famille, car la ville est surpeuplée. Et cela, elle ne peut plus l’endurer. Après quelques mois au Ghana, la famille a vécu en Angleterre, avant d’émigrer aux États-Unis. Le roman commence lors de leur installation.
Tara et Sonia espèrent que leur nouvelle vie va apaiser les tensions entre leurs parents et que leur mère va, enfin, se sentir à sa place. Elles aussi espèrent trouver la leur. L’ainée, Tara, se prépare pour la rentrée. Elle cherche un personnage à imiter pour se démarquer et s’intégrer. Sa recherche d’identité passe par les rôles qu’elle joue, ne s’assumant pas assez pour être elle-même. Pour se sentir bien, sa cadette, Sonia, a besoin de livres et d’intimité pour écrire dans son journal. Cependant, sa personnalité est déjà bien affirmée et dès son arrivée, elle montre un tempérament impétueux dans lequel se devinent ses futurs engagements féministes. Les deux sœurs n’ont pas les mêmes aspirations, mais elles sont très proches et elles veillent l’une sur l’autre. Leur complicité est touchante et leur permet d’affronter les opinions de leur mère qui sont à l’opposé des leurs.
Dans la deuxième partie, les deux filles ont perdu un soutien capital face à l’intransigeance de leur mère. Cette dernière est, quant à elle, soutenue par des membres de sa communauté. Alors que Tara et Sonia veulent être libres, Ranee tente de les enfermer dans les traditions. De plus, ses préjugés racistes créent des conflits. Chacune de ses enfants s’émancipe à sa manière.
Dans la troisième partie, la place est laissée aux filles de Tara et de Sonia. La première, Chantal, est le centre d’une rivalité affective entre ses grands-mères. Aussi, elle a une influence sur son aïeule maternelle. La deuxième, Anna, correspond exactement à ce que Ranee attend d’une fille hindoue. Mais contre toute attente, un évènement qui a endeuillé la terre entière, transforme Ranee. Ses proches sont obligés de freiner ses démarches d’intégration, afin qu’elle ne se renie pas. Elle est émouvante, en raison des efforts qu’elle fournit pour changer et s’intégrer, même si elle va trop loin. Elle est, également, un soutien formidable pour Anna, afin qu’elle puisse s’épanouir dans sa double culture, même si la conclusion montre que le chemin est encore long.
J’ai aimé la manière dont sont traités les thèmes du déracinement et de la difficulté à se construire pour des jeunes filles, lorsque le quotidien scolaire laisse entrevoir l’indépendance, alors que la vie familiale se fonde sur des traditions dans lesquelles la femme n’est pas libre. Sonia et Tara ont appris à jongler entre leurs propres désirs et ceux de leur mère. J’ai souvent été énervée par les préjugés de Ranee et j’ai été sensible aux attitudes de ses filles à ce sujet. En revanche, j’ai été déroutée par le changement de Ranee. En effet, même si j’étais heureuse de sa prise de conscience, ses excès m’ont semblé exagérés pour être crédibles. Enfin, j’aurais aimé connaître plus de détails sur l’éducation reçue par Anna. J’ai compris ses pudeurs, qui sont communes aux filles du monde entier et j’ai aimé le chemin qu’elle choisit pour changer ce qui la gêne, mais j’aurais voulu comprendre pour quelle raison, la fille de Tara est aussi ancrée dans les traditions ancestrales. Malgré ces bémols, j’ai passé un très bon moment avec ce roman et, dans quelques années, je le confierai à ma fille.
Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Bayard pour cette masse critique privilégiée.
Ravie de voir que toi aussi tu as passé un bon moment avec ce roman. C’est chouette que tu penses le proposer plus tard à ta fille, cela suit assez bien le schéma intergénérationnel du livre…
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C’est vrai que nous sommes dans la transmission.
Je pense qu’elle pourra le lire quand elle aura 14-15 ans.
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