
Libres dans leur tête
Stéphanie Castillo-Soler
Éditions Librinova
Quatrième de couverture
Romain arrive en prison. Les choses n’auraient jamais dû en arriver là, mais une vieille femme est morte… et il doit payer. Il va partager sa cellule avec Laurent, inculpé pour l’homicide d’un dealer. En même temps qu’ils vont apprendre à se connaître, les deux garçons vont découvrir ensemble les codes de l’univers carcéral. De façon surprenante, c’est dans cet environnement hostile et fermé qu’ils vont aussi réussir à nouer des liens d’amour et d’amitié. Réflexion sur la culpabilité, la liberté, la solidarité et le sens de la vie, Libres dans leur tête est un émouvant huis-clos et un édifiant récit d’apprentissage.
Mon avis
Romain et Laurent partagent la même cellule. Leur chemin de vie est différent, ainsi que leur milieu social, mais tous deux sont emprisonnés après une erreur de parcours. Lors d’un vol commis par le premier, en bande organisée, une vieille dame est morte. Quant au second, il a tué un dealer, pour protéger un être aimé. Dès son arrivée, Romain tente d’établir une relation avec son codétenu, mais celui-ci, sans être hostile, manifeste de l’indifférence. Laurent trouve du réconfort dans les livres, Romain dans le dessin. Petit à petit, ils se confient l’un à l’autre. Ils s’aperçoivent qu’ils connaissent la même douleur de l’abandon maternel. Cependant, l’un a grandi dans un environnement stable et l’autre a connu de nombreux foyers. Romain a envie de se rapprocher de Laurent, de partager autre chose que des mètres carrés. Aussi, il sympathise avec le détenu en charge du prêt de livres, Serge, qui le conseille dans ses choix. Le « bibliothécaire » purge une peine pour homicide. C’est ce qu’indique sa condamnation, pourtant les circonstances indiquent que ce qu’il a vécu, pourrait arriver à n’importe qui. Mais la justice n’a pas retenu la légitime défense.
Le fait que Romain, Laurent et Serge n’ont pas le profil d’assassins permet de s’attacher à eux et donne envie d’écouter leur histoire et la description de leur quotidien. Ils n’ont pas souhaité que des personnes meurent. Quelques minutes auraient pu changer leur destin.
Le milieu carcéral est difficile, surtout lorsque les prisonniers n’ont pas un profil de caïd et ne connaissent pas les codes. Romain et Laurent se soutiennent et se protègent mutuellement. Ils doivent veiller à ne pas provoquer d’animosité à leur encontre. La peur de l’autre est constante. Il faut, également, conjuguer avec la perte d’intimité, les minutes qui s’écoulent lentement, l’univers gris dans lequel la lumière naturelle est absente. La promiscuité provoque des tensions et des disputes. Des mots peuvent faire mal. L’absence de liberté exacerbe le ressenti et une parole peut écorner l’estime de soi. Laurent a prononcé cette phrase qui détruit. Il doit aider Romain à remonter. L’amitié doit dépasser les préjugés. C’est par l’art que les deux jeunes hommes parviennent à ne pas sombrer complètement.
L’art les sauve : dessin pour l’un, écriture pour l’autre. Ce sont aussi les visites et les courriers qui adoucissent l’attente de la sortie et apportent l’espoir. Malgré l’enfermement, de merveilleuses rencontres leur permettent de rêver. Au début, elles sont épistolaires (grâce à des associations, par exemple), puis ce sont des parloirs. Les proches, également, sont essentiels au moral. Romain, malgré son enfance difficile, a la chance d’avoir connu une famille d’accueil aimante. Le mot « accueil » peut être supprimé, car Fred et Marinette sont une véritable famille pour lui.
Libres dans leur tête est un roman qui se déroule dans un univers noir. Cependant, c’est la lumière qui émerge. Au départ, elle est un filet et elle grandit jusqu’à devenir dominante, au même rythme que s’épanouit l’amitié, et même l’amour, grâce au hasard. Romain et Laurent sont enfermés physiquement. Paradoxalement, c’est cela qui les libère. Ils se découvrent, apprennent à s’aimer eux-mêmes, s’affirment enfin, et ont confiance en leur futur. Ils sont libres dans leur tête.
Ce roman raconte la vie d’hommes dont les actes sont à l’origine de morts, sans intention de tuer et qui ne sont pas des criminels. Aussi, bien que l’on pense aux familles des victimes, on se sent proche d’eux. Ce roman d’apprentissage provoque de multiples réflexions sur les circonstances qui peuvent mener en prison, sur la rédemption et sur les pouvoirs de l’amitié et de l’art, comme forme d’expression. Libres dans leur tête est un texte émouvant, que j’ai énormément aimé.
Je remercie sincèrement Stéphanie Castillo-Soler pour ce service presse et pour sa patience.
Ces trajectoires personnelles qui, à un moment donné, sont parties dans la mauvaise direction et finissent par se rencontrer semblent touchantes, d’autant que les profils de ces criminels sont atypiques. Et malgré la dureté du milieu, on sent, à travers ton avis, cette lumière qui semble comme jaillir du roman…
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C’est une belle chronique d’un livre riche en lumière, comme tu dis si bien. Tu me donnes bien envie d’écrire mon avis sur ce chouette premier roman 🙂
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J’ai hâte de lire ton avis.💖
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