
Factice
Hanna Anthony
Éditions Kiwi
Quatrième de couverture
Nina est une jeune femme de son temps. À 27 ans, smartphone greffé à la main, elle arpente les applications de rencontre pour trouver l’amour et publie des photos retouchées sur les réseaux sociaux pour polir son ego. Malgré son succès, elle souffre de son célibat et de son incapacité à pérenniser une relation amoureuse dans une société qui prône la consommation à outrance. Lorsque son amie de longue date lui annonce qu’elle s’apprête à se marier, Nina décide de redoubler d’efforts et de multiplier les rendez- vous afin de pouvoir assister à l’événement accompagnée, radieuse et amoureuse. Elle se retrouve toutefois piégée par les mensonges innocents qu’elle distille sur les réseaux sociaux, prisonnière des apparences. Le jour J, elle va devoir tout mettre en œuvre pour s’extraire de la toile complexe dans laquelle est s’est empêtrée.
Mon avis
Nina a vingt-sept ans, est célibataire et le vit mal. Aussi, elle multiplie les rendez-vous. Le téléphone greffé à la main, son pouce swipe les profils sur les sites de rencontres. Même si elle a conscience qu’elle consomme plus qu’elle ne vit, elle papillonne d’hommes en hommes. Elle a conscience que, parfois, elle va à l’encontre de ses véritables désirs, par peur d’être seule. Alors qu’elle reconnaît que les liens qu’elle noue sont factices, elle abuse des réseaux sociaux et des applications. Elle est très lucide sur les relations « Kleenex » et pourtant, elle tombe dans les pièges de son plein gré, bien qu’elle maîtrise tous les codes. Elle en parle avec humour, mais on ressent l’amertume dans ses propos. Elle critique les dérives d’Instagram, mais s’y conforme. Son profil est une vitrine édulcorée de sa vie.
Quand son amie Marie l’invite à son mariage, Nina panique. Elle ne veut pas y aller seule. Elle veut montrer une image de femme épanouie et heureuse. Surtout à son ex, qui, lui a refait sa vie, alors que Nina souffre toujours de la rupture. Il n’y a que son téléphone qui puisse l’aider à trouver le candidat idéal pour illustrer sa vie de rêve (de pacotille). Elle réussit à le dénicher. La petite fille en elle, élevée aux contes de fées, envisage une belle histoire, qu’elle affiche sur les réseaux sociaux. Hélas, la réalité est différente des apparences. Aussi, lors de la cérémonie, elle doit improviser pour entretenir l’illusion. J’ai oscillé entre l’amusement au sujet des quiproquos et la tristesse de l’observer se faire piétiner.
Au début du roman, j’ai pensé que j’étais heureuse d’être mariée et de ne pas être en quête de l’amour. J’ai, ensuite, pensé à l’avenir amoureux de ma fille, quand elle sera grande. Puis, au fil des pages, je me suis aperçue que les rituels des rencontres n’étaient pas si éloignés de ceux d’il y a vingt ans. En effet, les menteurs et les relations toxiques existaient déjà. Les personnes qui multipliaient les rendez-vous avant de choisir le ou la prétendante qui correspondait à leurs critères sévissaient aussi. Certaines, comme dans Factice, ne cherchaient qu’une relation sexuelle, d’autres séduisaient par intérêt. Les codes étaient les mêmes : faire croire à son ex qu’on l’a oublié et que l’on est épanouie sans lui, tenter de faire taire les langues de vipère, préférer être accompagnée à un mariage, montrer l’assurance que l’on ne possède pas, etc. Cependant, les moyens technologiques accélèrent le temps. A l’époque, on attendait près du téléphone pour ne pas rater l’appel de celui que l’on souhaitait revoir. Cependant, la pression du paraître ne se faisait pas sentir de la même façon. Hanna Anthony décortique les travers des réseaux sociaux. Cela m’a démontré que la communauté #bookstagram est un monde à part au sein d’Instagram. Je suis abonnée, essentiellement, à des comptes qui parlent de livres, aussi, je n’avais jamais ressenti les diktats au sujet du physique, de la pression sur ce qu’il faut montrer de soi. Le conformisme dans l’illusion.
Factice possède les attributs d’une comédie romantique, cependant, sous une apparente légèreté, il provoque une réflexion sur les relations amoureuses, mais aussi sur les comportements, à l’ère du 2.0. C’est un roman qui m’a amusée et qui m’a fait réfléchir.
Je remercie sincèrement Elya des éditions Kiwi pour ce service presse.