
L’ange de Munich
Fabiano Massimi
Éditions Albin Michel
Quatrième de couverture
Munich, 1931. Angela Raubal, 23 ans, est retrouvée morte dans la chambre d’un appartement de Prinzregentenplatz. À côté de son corps inerte, un pistolet Walther. Tout indique un suicide et pousse à classer l’affaire.
Sauf qu’Angela n’est pas n’importe qui. Son oncle et tuteur légal, avec lequel elle vivait, est le leader du parti national socialiste des travailleurs, Adolf Hitler. Les liens troubles entre lui et sa nièce font d’ailleurs l’objet de rumeurs dans les rangs des opposants comme des partisans de cet homme politique en pleine ascension. Détail troublant : l’arme qui a tué Angela appartient à Hitler.
Entre pressions politiques, peur du scandale et secrets sulfureux, cet événement, si il éclatait au grand jour, pourrait mettre un terme à la carrière d’Hitler. Et faire du commissaire Sauer, chargé de l’enquête, un témoin très gênant.
Dans une République de Weimar moribonde, secouée par les présages de la tragédie nazie, Fabiano Massimi déploie un roman fascinant, basé sur une histoire vraie et méconnue, mêlant documents d’archives et fiction avec le brio d’un Philip Kerr.
Mon avis
Munich, samedi 19 septembre 1931. Les commissaires Sauer et Forster sont chargés d’enquêter sur la mort d’une jeune femme. Sans leur donner de précisions, le directeur de la police criminelle leur fait comprendre que les circonstances sont délicates. Il leur recommande de bien ficeler leurs conclusions. « Toute accusation éventuelle doit être étayée par des preuves irréfutables, non, écrasantes. S’il y a le moindre doute, on classe. » (p. 21) Il déclare, également, qu’ils ne disposent que de huit heures pour résoudre l’affaire. Il leur prête un véhicule, avec un chauffeur. « Personne au commissariat n’avait jamais eu cet honneur » (p. 22). Arrivés à destination, ils comprennent les recommandations de leur chef. Prinzregentenpkatz 16. C’est l’adresse du « dirigeant du Parti national-socialiste des travailleurs allemands, Adolf Hitler ».
C’est dans l’appartement de ce dernier que le drame s’est produit : sa nièce adorée, Angela Raubal (Geli), âgée de 23 ans, gît au sol, une balle dans le cœur. Pour entrer dans sa chambre, il a fallu forcer la porte, qui était fermée de l’intérieur. La scène indique que Geli s’est suicidée avec le pistolet de son oncle. Cependant, Sauer et son collègue remarquent des éléments troublants. Ils décident de pousser les investigations. Hélas, les personnes susceptibles de leur apporter des éclaircissements se donnent la mort les unes après les autres. Malgré cette vague de suicides, des rumeurs parviennent aux oreilles de Sauer au sujet des relations entre Hitler et Geli. Pourtant, il reçoit des ordres contradictoires : étouffer les scandales, découvrir la vérité. Des membres du parti l’aident et l’entravent, simultanément. Il sait que cette enquête est à haut risque. Méfiant, il saisit l’ampleur du danger. Certains secrets sulfureux, s’ils étaient prouvés, pourraient arrêter la montée d’Adolf Hitler.
La mort de la jeune femme est un fait historique. Dans la note de l’auteur, à la fin du livre, ce dernier indique les faits qu’il a romancés et ceux qui sont fondés sur des archives. J’étais très curieuse de lire ces précisions, tant ma stupéfaction était grande à la lecture de certains passages. Si les évènements décrits, dans ce roman, avaient été perçus, comme ce qu’ils annonçaient, l’Histoire aurait, peut-être, été différente. C’est glaçant de lire les prémices du nazisme, de connaître l’issue et de savoir que les « H » étaient synonymes de millions de morts : Hitler, Himmler, Heydrich, Hess, des noms qui évoquent l’horreur. Tout comme celui de Goebbels. La force de L’ange de Munich est de relater la montée au pouvoir de ces monstres, en la contextualisant. La peur, les exactions et l’idéologie présageaient un avenir sombre, sans que l’ampleur du danger puisse être mesurée. Les signes étaient là, mais ils n’avaient pas l’éclairage de l’avenir. Hélas, le parti national-socialiste était déjà infiltré dans tous les arcanes du pouvoir. A partir d’archives, Fabiano Massimi montre que certaines personnes ont essayé d’agir, au péril de leur vie. Hélas, la lutte était inégale. De plus, L’ange de Munich montre de quelle manière, la réalité était travestie pour attiser les haines et alimenter la propagande. Ils ne savaient pas…
L’auteur écrit au sujet de Geli que « Justice n’a pas été rendue pour sa mort. Peut-être qu’un roman rendra justice à sa vie. » (p. 547) Effectivement, la tragédie au sujet de cette jeune fille est méconnue. Elle a été une des premières victimes du nazisme. Elle n’était pas inconnue, mais elle a été oubliée. Grâce à ce livre, son existence est rappelée. Elle est une vie et non plus un nom effacé.
L’écriture de Fabio Massimi est dynamique et correspond à l’urgence du récit. Sauer a peu de temps pour aboutir à une conclusion et les menaces s’enchaînent. La fin se lit d’un seul souffle. L’ange de Munich est un roman passionnant et glaçant, à la fois. Passionnant, car l’enquête est rythmée. Glaçant, car nous savons les atrocités que les protagonistes commettront dans le futur.
Je remercie sincèrement Claire et Alice des Éditions Albin Michel pour ce service presse.
Une lecture qui me paraît intéressante : le titre va atterrir dans ma PAL. Je pense que je vais aimer !
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C’est un livre passionnant, car il traite d’un sujet peu connu. Mais il est aussi glaçant.
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Bonjour et merci pour votre chronique ! J’ai moi aussi beaucoup apprécié cette lecture qui, à mon sens, s’inscrit bien dans les pas des romans de Philip Kerr et de son héros Bernie Gunther (d’ailleurs, j’ai parfois eu l’impression de le retrouver pendant la lecture en fondant les deux personnages policiers en une seul…). Vous avez raison, Fabiano Massimi a traité son sujet avec un grand sérieux tout en nous livrant un roman haletant ! Je recommande ! Bien cordialement.
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