
Les petits papiers de Marie-Lou
Corinne Javelaud
Editions Calmann-Lévy
Collection Territoires
Quatrième de couverture
Dans les années 70, Marie-Lou Beltran, serveuse à L’Auberge du bonheur, vit avec sa fille, Dora, et sa mère, Luce, dans la maison familiale du quartier des Chartrons à Bordeaux. La main verte de Luce et les talents culinaires de Marie-Lou font merveille pour créer un cocon harmonieux.
Un trouble naît lorsque pour son anniversaire, Marie-Lou offre à Dora une magnifique poupée, dénichée chez un antiquaire. Les femmes Beltran constatent bientôt que la poupée suscite des phénomènes étranges.
Un médium prétend qu’elle est habitée par l’esprit d’un proche assassiné. Comment ne pas penser au père de Marie-Lou, Josué, et à son oncle, Féréol, morts en héros sur leurs arpents de vigne à Saint-Émilion, alors sous la botte allemande ?
Prise dans un engrenage de manifestations surnaturelles, butant sur le silence de Luce, Marie-Lou va devoir affronter les démons d’une histoire familiale tourmentée…
Mon avis
Bordeaux, dans les années 70. La petite Dora fête ses huit ans. Sa maman lui offre la poupée qui la fait rêver depuis si longtemps. Au début, Marie-Lou Beltran est amusée d’entendre sa fille se confier à son amie de cire, qui a été baptisée Milie. Mais lorsque des phénomènes étranges se produisent, elle décide de se débarrasser du jouet : « L’atmosphère de la maison devint peu à peu surréaliste et oppressante » (p. 29). Elle se confie à Sidney, le patron de L’Auberge du bonheur, dans laquelle elle est employée comme serveuse, car elle sait qu’il s’intéresse aux phénomènes paranormaux. Luce, la mère de Marie-Lou, blêmit quand il énonce que la poupée semble « habitée par l’esprit d’un proche assassiné » (p. 30).
« Le passé revenait sur le tapis » (p. 30), celui de l’Occupation. Deux hommes, des jumeaux, sont morts, après avoir été dénoncés pour leurs actes de résistance. L’un était le père de Marie-Lou, le deuxième était son oncle. Les deux femmes évoquent, rarement, cette période : Luce, par peur de déranger et Marie-Lou, par désir de se projeter vers l’avenir. Les stigmates de la guerre sont encore vifs. La douleur est ravivée par des petits papiers sur lesquels sont écrits les derniers mots de Josué, le père de Marie-Lou. Il est temps pour cette dernière d’écouter le passé. Pour Luce, le moment est venu de parler.
Les petits papiers de Marie-Lou est empli de mystères ; aux éléments surnaturels, s’ajoutent des mensonges : des anciens et des récents. La famille Beltran n’a pas livré tous ses secrets : disparition de personnes et d’objets, escroquerie, vengeance, manipulation, etc. Je suis cartésienne, pourtant, j’ai été envoûtée par l’atmosphère ensorcelante. La poupée agit comme un révélateur. Il est difficile de discerner ce qui relève du surnaturel ou de l’humain. Il n’est pas aisé de deviner qui mérite la confiance de Marie-Lou. Que ce soient les nouvelles connaissances ou les personnes aimées depuis toujours, les attitudes sont mystérieuses. L’intuition de la jeune femme suffira-t-elle à la protéger ?
J’ai adoré Les petits papiers de Marie-Lou. Au sein d’une ambiance occulte, le passé se dévoile. Marie-Lou est confrontée à des drames familiaux que sa mère lui a cachés et il lui faut affronter ces terribles révélations qui m’ont bouleversée et choquée : le mal prend différentes formes et celles insoupçonnables sont terribles. Ces faits douloureux sont contés par Corinne Javelaud avec délicatesse et douceur et ils sont contrebalancés, par l’amour qui unit ces trois générations de filles, représentées par Luce, Marie-Lou et Dora.
Je remercie sincèrement Doriane des Éditions Calmann-Lévy pour l’envoi de cette très belle box.
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