
Les choix d’Eugénie
Judith Rapet
Éditions de Borée
Quatrième de couverture
Ixile et Eugénie sont amoureux. Mais, à la fin du xixe siècle, pour vivre un grand amour, il faut affronter les interdits familiaux et assumer ses choix. Ixile, qui se rêvait musicien, doit marcher dans les pas de son boucher de père et Eugénie s’exiler et tirer un trait sur sa dot et l’affection de ses proches. Face aux épreuves, le couple restera soudé. Quand la guerre éclatera en 1914, leurs enfants se heurteront aux mêmes questionnements. L’amour est un éternel recommencement : sera-t-il assez fort pour déjouer les mauvais tours du destin ?
Mon avis
Lorsque Ixile et Eugénie se rencontrent, en 1888, ils savent immédiatement qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Hélas, celui qui rêve d’être musicien ne convient pas au père de la jeune fille. « Je ne donnerai pas ma fille à un saltimbanque, si talentueux soit-il » (p. 53). Finalement, Édouard ne s’oppose pas au mariage, mais prive sa fille de dot. Ixile est forcé de quitter l’armée dans laquelle il se destinait à une carrière de musicien pour entrer dans la vie active. Il aide alors son père dans la boucherie familiale. C’est un métier qui ne lui correspond pas, aussi lorsque l’opportunité se présente, il accepte des missions de remplacement, dans des casinos, loin du domicile conjugal. Respectueuse des rêves de son époux, Eugénie ne s’y oppose pas. Cependant, elle souffre de l’éloignement d’avec sa famille et elle regrette l’entêtement de son père.
Le quotidien des amoureux est rempli de joies et de chagrins. Ce couple est très uni et ils élèvent leurs enfants avec amour. Aussi, lorsque leur fille, Florestine, tombe amoureuse d’un homme plus âgé qu’elle, ses parents accueillent cette union avec bienveillance. Seul l’amour compte.
Dans la première partie, Ixile et Eugénie sont au centre du récit. Judith Rapet décrit les rêves du jeune homme rattrapé par la réalité. Il est obligé de faire un métier qu’il n’aime pas pour faire vivre sa famille. Cependant, il n’oublie pas sa passion et il parvient à s’épanouir avec la musique. Heureux auprès de la femme qu’il aime, il n’a aucun regret. Eugénie, quant à elle, est blessée par l’attitude d’Edouard, qui jusqu’au mariage de sa fille, a toujours été un père aimant. Parviendront-ils à se retrouver avant qu’il ne soit trop tard ? La vie n’a pas été tendre avec elle, elle a été meurtrie par les malheurs qui, hélas, touchaient de nombreuses familles, à la fin du XIXe siècle, mais c’est une épouse comblée.
En 1906, Ixile est triste de voir l’institution qui l’a instruit disparaître. Le 9 décembre 1905, la loi de la séparation est promulguée : le petit séminaire et le couvent de Montlieu doivent fermer. En 1914, le couvent est transformé en hôpital. Florestine, l’ainée d’Ixile et d’Eugénie âgée de vingt ans, se propose comme infirmière bénévole. C’est son destin qui est relaté dans la deuxième partie. Très vite, les soignants constatent que les blessures des soldats revenus des tranchées, sont « profondes, pas seulement physiques mais aussi morales » (p. 172). « Qu’avaient-ils dû endurer pour être dans un si piteux état ? Quelles horreurs avaient-ils vécues ? Certains raconteraient leur calvaire, d’autres pas » (p. 173). Le sourire de la jeune fille, sa douceur et ses mots apaisants la rendent indispensable. Entièrement dévouée, elle est très appréciée des blessés. Elle assiste les médecins et réconforte les hommes qui se confient à elle. Sans le vouloir, elle blesse les cœurs de ceux qui tombent amoureux d’elle.
Comme sa mère avant elle et comme la mère de sa mère, Florestine sait au premier regard, qu’elle a rencontré celui qu’elle attendait. Elle ne le questionne pas sur son passé. Elle ne sait pas qu’il cache une souffrance indélébile. Pourquoi a-t-il enfoui ce passé douloureux ? C’est la question que je me suis posée, en cours de lecture. J’avais envie qu’il se confie, je ne concevais pas qu’il puisse garder le silence, puis je l’ai écouté, j’ai entendu les raisons pour lesquelles il ne disait rien. J’ai été très émue par sa douleur et ses espoirs. Les personnages de ce roman vivent des joies et des chagrins, pourtant leurs choix et leurs renoncements sont guidés par l’amour.
J’ai adoré Les choix d’Eugénie.
Je remercie sincèrement Virginie des Éditions de Borée pour ce service presse.
De la même auteure