L’été froid, Gianrico Carofiglio

L’été froid

Gianrico Carofiglio

Éditions Slatkine & Cie

Quatrième de couverture

Nous sommes en 1992, entre mai et juillet. A Bari, comme ailleurs, tirs embuscade et meurtres sont monnaie courante. Quand la nouvelle arrive qu’un enfant, fils d’un chef de clan, a été enlevé, le maréchal Pietro Fenoglio se rend compte que le point de non-retour a été atteint. Maintenant, tout peut arriver. Puis, alors que personne ne s’y attendait,, le jeune patron qui a déclenché la guerre, et que tout le monde soupçonne de l’enlèvement, décide de collaborer avec la justice. Dans la longue confession qu’il délivre au magistrat, l’homme retrace sa propre aventure criminelle dans un conte hypnotique animé par une force vivante. Presque diabolique. Mais les déclarations du repentant ne suffiront pas à faire la lumière sur la disparition de l’enfant. 
Pour découvrir la vérité, Fenoglio sera contraint de pénétrer dans ce territoire ambigu où il est plus difficile de distinguer le bien du mal.

Mon avis

Eté 1992, à Bari, en Italie. Pietro Fenoglio est maréchal des carabiniers de profession. Le capitaine Valente, qui n’est commandant de la Division des affaires criminelles que depuis quelques jours, lui demande de lui expliquer ce qui se passe à Bari. En effet, il est arrivé « au beau milieu d’une guerre interne à la mafia » (p. 23). Le maréchal lui résume les faits : deux hommes ont été exécutés, 2 autres sont supposés morts, même si leurs corps n’ont pas été retrouvés et un a été blessé gravement, mais c’est un miracle qu’il ait survécu. Tous font partie du clan de Nicola Grimaldi. De plus, le lieutenant du chef mafieux a disparu. Pietro Fenoglio pense que c’est lui qui est à l’origine de la scission et des meurtres. Il apprend, également, par un indic que le fils du Parrain a été enlevé et qu’une rançon a été demandée, mais Grimaldi réfute ces informations et déclare que son enfant va très bien. Or, le maréchal comprend que la limite a été franchie et que la situation est explosive. C’est alors qu’un homme se livre aux carabiniers et raconte son itinéraire au sein de la mafia. Ses déclarations, permettront-elles de retrouver le petit ?

Gianrico Carofiglio est « procureur, conseiller du Comité anti-mafia au Parlement italien et il a été Sénateur de 2008 à 2013 ». Il connaît les arcanes de La Società Nostra. Aussi, le récit du repenti est empreint de véracité. Ce dernier a conclu un accord et il raconte la mafia de l’intérieur. Il explique ses règles, puis les « qualités », qui correspondent aux grades de hiérarchie, ainsi que l’historique de l’association de Grimaldi. Ensuite, il relate les meurtres à son actif, ainsi que ceux dont il a eu connaissance. Son récit est circonstancié et chronologique. Il décrit les activités de l’organisation : prostitution, jeux clandestins, exactions, chantage, etc. Il parle de l’émergence d’un nouveau trafic, qui rapporte beaucoup, en peu de temps. Il suffit de bien cibler les victimes… Son témoignage est précis et détaillé : il est glaçant, cependant, il provoque une fascination maléfique. Notre curiosité est alimentée par le fait d’approcher ce qui fait peur et que nous ne connaissons pas.

Alors que ce livre traite de criminalité, la noirceur est contrebalancée par l’humanité de Fenoglio. Il n’aime pas arrêter les gens, hormis lorsque les délits commis sont abjects, par exemple lorsqu’ils concernent des enfants. Il estime qu’une deuxième chance doit être offerte aux auteurs de délits mineurs et il lui arrive de les conseiller pour leur défense. Il est aussi sensible à la pression exercée par la mafia : il sait que certaines personnes l’aident, contre leur gré. C’est la peur qui les y oblige. Il a conscience, également, de la corruption qui gangrène tous les milieux, même si l’audition spontanée du criminel lui révèle des éléments qu’il n’avait ni appréhendés, ni soupçonnés.

Bien que les aveux du mafieux soient révoltants et effrayants, je me suis sentie happée par ses révélations, comme hypnotisée. L’été froid est un roman qui s’appuie sur des faits véridiques. Des évènements réels apparaissent à un moment-clé de l’histoire et renvoient au courage des hommes et des femmes qui combattent ces organisations. Je remercie l’auteur pour cet hommage à ceux qui ont perdu la vie, en luttant contre la mafia.

L’été froid est un roman passionnant et glaçant au cœur de la mafia.

Je remercie sincèrement Morgane des Éditions Slatkine & Cie pour ce service presse.

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