Pour ma sœur, Louis Mercadié

Pour ma sœur

Louis Mercadié

Éditions de Borée

Employée chez un médecin l’hiver et pour les récoltes de fraises l’été, Mathilde ne reçoit plus de nouvelle de sa mère, restée au village voisin. Inquiète, elle décide de s’y rendre et apprend la terrible nouvelle : Jeanne est décédée, et la petite qu’elle venait de mettre au monde a été confiée au couvent. Mathilde, qui découvre alors qu’elle a une demi-soeur, tente de la retrouver, mais l’institution religieuse lui refuse tout contact. Parallèlement, Olympe grandit de couvents en familles d’accueil : quand elle apprend à son tour l’existence de Mathilde, elle fera tout pour la retrouver. Le destin remettra-t-il les deux soeurs sur le même chemin ? Ensemble, elles pourraient faire la lumière sur l’étrange mort de leur mère, et sur les pratiques obscures du couvent…

Mon avis

1941, dans le Cantal. Orpheline de père, Mathilde est employée en ville, alors que sa mère est restée dans le village voisin. Elles sont très proches, mais cela fait un an et demi qu’elles ne sont pas vues. Mathilde est inquiète, car elle ne reçoit plus de réponses à ses lettres. Elle profite de quelques jours de repos pour lui rendre visite. Elle apprend que Jeanne, sa maman, est morte noyée, peu de temps après avoir mis au monde une petite fille, Olympe. Elle tente de retrouver cette demi-sœur, dont elle ne connaissait pas l’existence, et qui a été confiée au couvent. Hélas, la mère supérieure, sœur Pilar, lui interdit de la rencontrer, avant de lui annoncer son décès. Mais Mathilde n’y croit pas.

Elle a raison de douter. En réalité, Olympe a été emmenée en Espagne. Elle grandit au sein de l’orphelinat des sœurs de la Miséricorde de Pampelune. Son prénom a été changé : elle s’appelle Carmen. Elle est élevée avec une discipline de fer et les coups pleuvent, d’autant plus que son caractère affirmé déplaît aux religieuses. Elle trouve du réconfort dans son amitié avec Sofia, une orpheline. En grandissant, les petites comprennent que le couvent est le cœur d’activités étranges. Instinctivement, elles comprennent que les adoptions cachent une terrible réalité.

En France, Mathilde garde espoir de connaître la vérité au sujet de sa mère et de sa petite sœur. Elle entend dire qu’un trafic d’enfants est organisé entre la France et l’Espagne. 

Retrouvera-t-elle Olympe ?

J’ai aimé suivre la vie de Jeanne, Mathilde et Carmen. La première a perdu son mari, dans un accident, et a rejeté la religion, à la suite de ce drame. Elle a décidé de quitter les lieux du malheur et de recommencer une nouvelle vie avec sa fille. Elles se sont installées à Saint-Just-d’aubrac, mais n’ont jamais été acceptées par les villageois. Jeanne a été la cible du courroux du curé, mais a décidé de vivre à sa manière, de rester libre. Sa fille aînée est une jeune fille courageuse, qui est appréciée de ses employeurs. L’auteur décrit, avec passion, le premier emploi qu’elle exerce : la cueillette des fraises, qui tient une très grande place dans la région du Cantal. Mathilde montre de la détermination pour retrouver sa sœur, qu’elle aime sans la connaître. Sa personnalité attachante lui permet de bénéficier d’appuis importants. C’est une femme forte et sensible, à la fois. Enfin, Carmen, elle, a un caractère affirmé. Elle vit de nombreuses épreuves, elle subit la maltraitance et est témoin de plusieurs tragédies. Cependant, elle conserve une rage de vivre et une volonté de changer son destin. Toutes trois sont des personnages féminins rayonnants, au caractère indépendant et au cœur généreux.

A travers l’histoire de Carmen-Olympe, l’auteur relate les vols d’enfants qui ont été perpétrés, à partir des années 1940, « pour des causes idéologiques, parfois directement confiés à des foyers franquistes, parfois mis en orphelinat en attendant que la “vente” puisse s’effectuer » (p. 206). Souvent, il était dit aux mères que leur enfant était mort-né. Louis Mercadié montre le rôle de l’Eglise, dans ce trafic. Il décrit les conditions épouvantables dans lesquelles, ces petits étaient élevés, ainsi que le secret qui entourait leur naissance, puis leur adoption. Avec beaucoup de sensibilité, il raconte l’histoire de cette fillette, qui s’est questionnée, dès qu’elle a été en âge de comprendre. Carmen, comme sa sœur, devient une jeune fille attendrissante, qui a un instinct de protection envers ceux qui souffrent. J’ai été scandalisée par ses conditions de vie et par ce trafic innommable. J’ai, aussi, souffert avec elle, lorsqu’elle a pris conscience de la condition féminine, auprès d’une femme qu’elle a aimée.

Pour ma sœur comporte, également, des passages très doux. En effet, les trois filles connaissent des amitiés sincères. Il y a aussi des moments émouvants avec un chien adorable, qui a choisi Jeanne et Mathilde comme famille, et qui fait preuve d’une fidélité bouleversante.

C’est le deuxième livre que je lis de Louis Mercadié. Comme dans L’Enfant trouvée, j’ai ressenti son amour et son respect pour les femmes, ainsi que son attachement à la cause féminine.

J’ai adoré Pour ma sœur.

Je remercie sincèrement Virginie des Éditions de Borée pour ce service presse.

Du même auteur

L’Enfant trouvée

4 commentaires

  1. Comme à chaque fois que tu me présentes des livres de cette maison d’édition, tu me séduis par ces histoires du passé dans nos campagnes. J’ai encore très envie de découvrir cette histoire. Merci de ton partage et pour ta présentation.
    J’aime beaucoup les éditions DE BOREE.

    Aimé par 2 personnes

    1. Merci à toi. 😍J’aime énormément les romans publiés par les Éditions de Borée. Leurs auteurs écrivent souvent des histoires authentiques et j’aime cette sensation de proximité avec les personnages.💖

      Aimé par 1 personne

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