
L’enfant de la prochaine aurore
Louise Erdrich
Éditions Albin Michel
Quatrième de couverture
Notre monde touche à sa fin. Dans le sillage d’une apocalypse biologique, l’évolution des espèces s’est brutalement arrêtée, et les États-Unis sont désormais sous la coupe d’un gouvernement religieux et totalitaire qui impose aux femmes enceintes de se signaler. C’est dans ce contexte que Cedar Hawk Songmaker, une jeune Indienne adoptée à la naissance par un couple de Blancs de Minneapolis, apprend qu’elle attend un enfant. Déterminée à protéger son bébé coûte que coûte, elle se lance dans une fuite éperdue, espérant trouver un lieu sûr où se réfugier. Se sachant menacée, elle se lance dans une fuite éperdue, déterminée à protéger son bébé coûte que coûte.
Renouvelant de manière saisissante l’univers de l’auteure de LaRose et Dans le silence du vent, le nouveau roman de Louise Erdrich nous entraîne bien au-delà de la fiction, dans un futur effrayant où les notions de liberté et de procréation sont des armes politiques. En écho à La Servante écarlate de Margaret Atwood, ce récit aux allures de fable orwellienne nous rappelle la puissance de l’imagination, clé d’interprétation d’un réel qui nous dépasse.
Mon avis
Le 7 août, alors enceinte de quatre mois, Cedar Hawk débute une longue lettre adressée au bébé qu’elle porte. Nous ne savons pas en quelle année nous sommes, mais cela ne semble pas si loin de nous. Le mode de vie semble contemporain, les objets sont les mêmes que ceux que nous utilisons, les voitures ne sont pas différentes des nôtres… Pourtant, le monde a changé : la nature s’est révoltée. Les hivers n’existent plus, l’évolution des espèces s’est arrêtée et a régressé, semblant repartir plusieurs ères en arrière.
Le nouveau gouvernement américain, religieux et totalitaire, impose aux femmes enceintes de se manifester. Personne ne sait ce que deviennent les futures mères et leurs bébés. Cela rappelle la population juive qui a dû se faire enregistrer, pendant la guerre, sans soupçonner que les registres allaient servir à l’emprisonner et à la tuer. Les femmes se méfient des dénonciations, elles prennent des risques médicaux pour elles et pour leur enfant, elles se cachent puisque leur ventre les trahit, elles ne savent pas qui collabore, etc. Cedar prévoit le pire et achète des produits à échanger sur le marché noir.
Souvent, lors d’une grossesse, se manifeste l’envie de connaître ses origines et son passé familial. A sa naissance, Cedar a été adoptée. Le roman commence par sa rencontre avec sa mère biologique, une Indienne. L’enfant de la prochaine aurore est une quête d’identité. La jeune femme est, au départ, motivée après le besoin de connaître ses antécédents génétiques, afin d’évaluer les risques que l’enfantement lui fait courir. Au fil des pages, elle prend conscience que ses racines sont importantes et que connaître la vérité sur son abandon est essentiel pour elle.
Hélas, la vie de Cedar tourne au cauchemar. Déterminée à protéger son bébé, ainsi qu’elle-même, elle ne perd pas espoir. Même si elle ne sait pas qui elle doit combattre, ni quelles sont les menaces qui pèsent sur elle, elle continue de lutter pour leur survie. Elle n’est pas seule, les femmes unissent leurs forces. Cette solidarité sera-t-elle suffisante pour sauver leurs vies ?
Je ne lis jamais de roman apocalyptique et pourtant, j’ai été emportée par L’enfant de la prochaine aurore. La maternité est le thème principal du roman. Elle s’exprime par les mots d’amour que César écrit à son enfant et par son courage pour le protéger. Elle est, aussi, présente dans les actes de Trésor, la mère biologique de Cedar, et dans ceux de Sera, sa mère adoptive. Les liens du sang et les liens de l’éducation se rejoignent pour tenter d’aider leur fille. J’ai, également, été touchée par le parallèle qui peut être fait avec un passé pas si lointain et celui avec ce qui pourrait se produire, en raison des dégâts écologiques commis par l’Homme. Enfin, Louise Erdrich rappelle la fragilité de nos libertés. Je n’ai pas eu les réponses à toutes mes questions, cependant, je n’ai ressenti aucune frustration, comme si c’était à moi de remplir les vides avec mes émotions.
J’ai adoré ce roman engagé, empreint de poésie.
Je remercie sincèrement Francis des Éditions Albin Michel pour ce service presse.