
Dieu aime les rousses
Martine Marie Muller
Éditions Presses de la Cité
Collection Terres de France
Quatrième de couverture
Des années 1910 à 1960. Excentriques et altruistes, les Hocquelus vivent la douceur des jours dans leur propriété normande, au cœur d’un merveilleux jardin. La réalité rattrape cette tribu d’originaux quand le crime puis la guerre s’immiscent dans leur quotidien, épreuves qu’ils vont traverser avec leur sens unique du sublime et de l’humour.
Au domaine du Paradou, perché sur une falaise normande, les d’Hocquelus ont fait du
bonheur un art de vivre. Fous de jardins et d’une fantaisie inégalable, ils ont jugé artistique
d’adopter trois fillettes d’une rousseur toute préraphaélite. Morag, Felicity, Bonnie. On parle
anglais à table, on travaille dans les sept jardins, on reçoit des artistes. Mais, en août 1939, un
peintre célèbre est assassiné au Paradou. Et l’inspecteur chargé de l’enquête n’est autre que
l’ancien fiancé de Morag. Qui est le coupable ? Dora, l’épouse et artiste brimée ? Jiddu, l’Indien
énigmatique ? Ou la « reine mère », prête à se débarrasser de ce gêneur comme d’un arbre
mort qui masquerait la vue sur la mer ? La déclaration de guerre et l’étrange disparition de
Morag et Jiddu vont retarder la découverte de l’assassin. Et celle des secrets de la famille…
Un univers à la Agatha Christie, une plume teintée d’humour et d’excentricité.
Mon avis
Dans le domaine du Paradou, la porte est toujours grande ouverte. Tout le monde est bien accueilli, le risque est de ne jamais en partir. Le bonheur est choyé comme le sont les rosiers, l’art est l’essence des maîtres des lieux, Aïda et Fergus d’Hocquelus. De 1917 à 1921, le couple recueille trois fillettes, chacune âgée de sept ans à son arrivée. Elles sont rousses, comme dans un tableau de Rossetti, le fondateur de l’école de peinture préraphaélite. Dès leur adoption, le précepte qui va guider leur vie, leur est inculqué : « Tu vivras dans la beauté de l’art et dans l’art des jardins. Tu fréquenteras des artistes comme Théodorus Van de Pelt, Jacques-Emile Blanche, George Braque… ». (P. 28)
Le matin du 28 août 1939, le corps du peintre Théodorus Van de Pelt est retrouvé, au milieu de la propriété. L’inspecteur chargé de l’enquête est Thomas Maisonneuve, l’ancien fiancé de l’aînée des filles du domaine, Morag. Lui aussi a vécu des jours heureux auprès de cette famille aux coutumes originales. Son intuition et sa connaissance des habitants guident ses investigations. Sa frustration est grande lorsque l’enquête est brutalement enterrée. Elle ne reprendra qu’après la guerre.
Le récit est entrecoupé par des extraits des journaux de Felicity, la deuxième fille. Ils nous permettent de comprendre les relations qui unissent les différents personnages : les trois sœurs, leurs parents, Tommy, mais aussi les invités presque permanents, tels que Théodorus et son épouse, Dora, Jiddu, un Indien mystérieux, Alfred, un aviateur allemand, etc. Chacun représente un pan de la société, que Martine Marie Muller égratigne avec un humour pince-sans-rire anglais.
En effet, alors que l’intrigue se déroule en Normandie, Aïda et Fergus ont créé un paradis anglais. Tous les prénoms ont été anglicisés, les filles portent des robes médiévales, l’instruction est faite par une préceptrice (miss Harriet), la journée est ponctuée par les rites du Royaume-Uni et le temps est celui du rythme des jardins. La volonté des d’Hocquelus est de « vivre au cœur d’une éternité immobile ». (P. 25) La mort de Théodorus est une entaille dans ce bonheur paisible. Elle est suivie de disparitions, puis par l’Occupation et la présence des Allemands au Paradis laisse son empreinte. C’est à la fin de la guerre que les mystères s’éclaircissent.
Les secrets sont révélés au fil des pages, comme un tableau restauré, auquel on enlève les différentes couches de peinture qui cachent l’œuvre originelle. L’art est un élément essentiel de l’histoire. Il est ce qui permet la survie, il est ce qui sauve la vie, il est ce qui donne du pouvoir, il est caché, il est apparence et il est art de vivre. Ces termes pourraient être transposés à l’amour. En effet, l’art m’a semblé être une allégorie des sentiments, qui ne sont pas exprimés au sein de la famille.
J’ai adoré Dieu aime les rousses. Sous des airs d’excentricité, cette intrigue policière est une satire de certains milieux, entremêlée de secrets. A qui profite la mort de l’artiste ?
Je remercie sincèrement Clarisse et Marie-Jeanne des Éditions Presses de la Cité pour ce service presse.
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