
Nous sommes les chardons
Antonin Sabot
Éditions Presses de la Cité
Collection Terres de France
Quatrième de couverture
Un très beau roman d’initiation irrigué par un attachement sincère à la nature.
Récompensé par le prix Jean Anglade 2020.
Avec une préface signée Agnès Ledig.
Un soir, Martin voit son père mort venir s’attabler avec lui. Ce père qui lui a appris à entendre les arbres et à humer le vent, à suivre les pistes des bêtes dans la forêt, à connaître les paysans des alentours…
Les mystères que cette apparition révèle, le jeune homme va les affronter. Qu’y a-t-il au-delà de sa ferme isolée en pleine montagne ? Une mère, d’autres lieux, d’autres gens, une autre manière de vivre… Martin va apprendre à les connaître et partir sur les traces de l’absent, pour mieux comprendre d’où il vient et ce qu’il vit.
Mon avis
Nous sommes les chardons est le lauréat du Prix Jean Anglade qui récompense un premier roman qui prône des valeurs qui me sont chères, telles la bienveillance, l’humanisme et l’universalité. J’ai eu la chance de faire partie du jury. Nous avons lu cinq beaux manuscrits et avons échangé, lors d’une vidéo-conférence. Avant d’écrire ma chronique, j’ai relu cette histoire, dans son format édité.
Martin a toujours vécu, seul avec son père, dans la montagne. Ils n’avaient que l’essentiel : des animaux, leur force physique et un mur de livres. Le garçon n’est jamais allé en classe. « Mon père m’a instruit à l’école de la montagne et des animaux. » (p. 89) Au décès de celui qui était si important dans sa vie, Martin doit apprendre à exister sans lui et il se souvient de ce que son père lui a transmis.
Lorsque le roman commence, Martin ressent que son père est mort. Il le voit, mais il n’est plus là : « mort ou vivant, peu m’importe, il est présent à mes yeux. » (p. 36) Dans la première partie, il part à la recherche de son corps et il se remémore ce que son paternel lui a enseigné. Il ne fait qu’un avec la nature et avec la montagne. Il sait que l’on peut avoir des yeux et ne pas voir et que l’on peut écouter et ne pas entendre. Mais lui, il honore les éléments et entend leurs messages. Il se rend, également, au village. Tous les habitants respectent sa douleur : « On peut mesurer la sincérité des gens à l’épaisseur de leur silence. » (p. 98)
Grâce à une réapparition du passé, Martin va à Paris, sur les traces de celui qui lui a tant appris. Découvrir ce que celui-ci a vécu, avant d’être père, permet à son fils, de lui dire un dernier adieu. Le jeune homme est dans une quête initiatique et d’identité. Le contraste entre la capitale et son village, lui fait prendre conscience de ce qui compte pour lui. A un autre déraciné comme lui, Banghi, il décrit la forêt, près de laquelle il vit, il raconte les animaux, il parle de la montagne… Son nouvel ami dépeint les arbres de son pays, en Centrafrique, ceux que les hommes détruisent. J’ai été touchée par les messages transmis et la beauté des images. Ces pages sont magnifiques. C’est à ce moment-là que le titre prend tout son sens et l’explication est émouvante.
Nous sommes les chardons porte des valeurs fortes d’humanisme et d’universalité. Le narrateur, Martin, a un rapport très fort à la terre et à la montagne. Il fait corps avec elles. Elles sont son essence. En s’éloignant d’elles, lors d’un voyage initiatique, il ressent qu’elles lui sont indispensables. Le lien qui l’unissait à son père était fort, mais son père lui avait transmis l’essentiel. Martin sait, maintenant, qui il est et c’est un jeune homme avec de très belles valeurs et beaucoup de sensibilité.
Je remercie sincèrement Clarisse des Éditions Presses de la cité, de m’avoir permis de vivre cette formidable expérience. Je félicite Antonin Sabot de cette nomination et lui souhaite un très beau parcours littéraire.
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