
L’héritage du maître de chai
Kristen Harnisch
Éditions de l’Archipel
Traduction de Jacqueline Odin
Quatrième de couverture
Décembre 1917. Sarah Lemieux a 40 ans. La fille du maître du chai et son mari Philippe exploitent avec courage leur vignoble californien d’Eagle’s Run. Mais la situation devient critique. Des ligues bien-pensantes veulent interdire le négoce du vin dans la région. Et depuis l’entrée en guerre des États-Unis, en juillet, nombre de jeunes Américains tombent sur les champs de bataille du Vieux Continent.
À 21 ans, Luc, leur fils adoptif, a pris les rênes du clos Saint- Martin, dans le Val de Loire, là où Sarah a grandi. Il y fait la connaissance d’Ondine, 17 ans, qui s’est murée dans le silence depuis que les Allemands ont tué sa mère sous ses yeux. Luc entend lui redonner le goût de la vie, mais il est appelé sur le front…
Sarah saura-t-elle une fois encore préserver les siens et l’héritage familial ? Après La Fille du maître de chai et Les Vignes de Sarah (L’Archipel, 2018 et 2019), Kristen Harnisch met à nouveau en scène Sarah et ses proches, en prise avec les soubresauts de l’histoire.
Kristen Harnisch a été cadre dans de grands groupes bancaires avant de publier les deux premiers volets de sa trilogie La fille du maître de Chai, Les Vignes de Sarah. Bien qu’amoureuse de la France, elle réside dans le Connecticut avec son mari et leurs trois enfants.
Mon avis
L’héritage du maître de chai est le troisième tome de la saga. Vous pouvez retrouver mes chroniques sur les deux premiers tomes : ICI. Je vous recommande fortement de les lire dans l’ordre.
Les vignes de Sarah se terminait avec l’anniversaire des dix ans de Luc. Sa mère, Lydie, la sœur de Sarah, est décédée à sa naissance. Il a été adopté par Sarah et Philippe Lemieux. L’héritage du maître de chai débute en 1917 et est consacré à la nouvelle génération. Luc a vingt et un ans et vit, depuis quatre ans, dans le domaine de Vouvray, en France, dans lequel il exploite la vigne familiale. Il a tenté, plusieurs fois, d’être incorporé dans l’armée, à qui il fournit du vin, mais il a essuyé des refus. Sa rencontre avec Michel et Ondine lui permet de modifier sa demande. Il les a recueillis alors qu’ils avaient réussi à s’échapper d’un train, conduit par les Allemands. Ces deux jeunes, qui sont frère et sœur, ont connu l’enfer, lors de leur arrestation, à Lille. Ondine initie Luc à la colombophilie, cet art qui consiste à utiliser les pigeons voyageurs pour passer des messages. Grâce à cette formation, le jeune homme est, enfin, recruté, sur les champs de bataille. Adeline, la demi-sœur de Luc est, elle aussi, en France. Elle a rejoint les infirmières américaines. Quant à Pippa, la fille adoptive de Sarah, habite toujours ses parents, en Californie. Artiste, elle œuvre pour les soldats, en concevant des masques pour les « gueules cassées ».
En Amérique, alors que l’inquiétude grandit au sujet de leurs proches, Sarah et Philippe doivent anticiper l’avenir de leurs vignes : la prohibition est imminente, ils le savent, aussi, ils prennent des décisions importantes pour ne pas la subir frontalement.
Dans ce tome, l’aspect historique est prédominant. Les combats sont décrits, ainsi que les difficiles conditions de vie des soldats. Kristen Harnisch explique le rôle extrêmement dangereux des messagers, qui couraient d’un champ de bataille à l’autre, pour transmettre des informations et des ordres. Ils se déplaçaient, sans aucune protection, pour être plus légers et de ce fait, plus rapides, car ils étaient à découvert. Leur espérance de vie était limitée, car leurs missions étaient périlleuses. L’auteure présente, également, les conséquences insoutenables et irréversibles du gaz moutarde, utilisé par les Allemands. Elle relate, aussi, les exactions perpétrées par ces derniers sur les civils. Cependant, elle démontre aussi que de nombreux soldats germaniques, comme français, ne souhaitaient pas cette guerre, imposée par les décideurs. Les combattants se ressemblaient et auraient pu être amis, dans d’autres circonstances. Ils souhaitaient la fin du conflit. Des scènes d’humanité sont dépeintes, mais lorsque vous étiez allemands, en France, vous étiez considérés comme l’ennemi et ceux qui vous soignaient étaient jugés… L’héritage du maître de chai témoigne de faits poignants entre les deux nations. Enfin, à travers la reconstruction des mutilés de guerre, ce roman souligne les traumatismes physiques et psychologiques de la guerre.
En 1918, la grippe ajoute son contingent de morts. Elle tue dans le monde entier. Les malades sont mis en quarantaine, le port de masque s’impose et le virus décime les populations. Évidemment, les passages sur ce sujet font écho à la crise sanitaire qui nous touche. Les personnages de la saga connaissent le drame de cette pandémie et sont frappés par le malheur…
Ce dernier opus de la série du maître de chai m’a énormément émue. Les personnages sont très attachants, j’ai aimé suivre cette nouvelle génération si courageuse et emplie d’humanité. J’étais, également, heureuse de retrouver Sarah et Philippe, qui ont transmis de si belles valeurs à leurs enfants. J’ai été bouleversée par les passages sur le front, dans les hôpitaux de guerre et par le destin de Michel et Ondine. Enfin, un personnage m’a énormément touchée, par son humanisme. Il s’agit d’un médecin, cependant, je ne révélerais rien sur lui, pour garder son mystère. L’héritage du maître de chai est une superbe conclusion, pleine d’émotion, de la saga.
Je remercie sincèrement Mylène des Éditions de l’Archipel pour ce service presse.
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