
A la frontière de notre amour
Kyra Dupont Troubetzkoy
Éditions Favre
Gaïa, une jeune humanitaire, brave tous les interdits liés à sa profession pour succomber au charme d’un soldat en mission spéciale qui refuse pourtant de lui révéler sa véritable identité. Rencontré par hasard à un checkpoint en pleine guerre de Tchétchénie, elle ne sait rien de ce mystérieux « Peter » qui disparaît au terme de sa mission alors qu’elle en tombe éperdument amoureuse. Qui est-il vraiment ? Un millitaire, un agent, un espion ? Se sert-il d’elle ? Leur histoire est-elle possible ?
Le lecteur suit Gaïa – et Peter par procuration – au gré de leurs différentes missions dans le Caucase, en Afghanistan puis à New York, doute et espère avec elle, parachuté au cœur de conflits qui ont façonné la carte du monde actuel et dont elle révèle, de l’intérieur, des aspects peu connus.
Basé sur des témoignages exclusifs d’ex humanitaires, ce roman d’amour raconte la guerre de l’intérieur. Le personnage principal, Gaïa, révèle des scènes insolites de la vie sur le terrain, de missions dans des zones de conflits qui ont captivé le grand public. Adrénaline et suspense insufflent de l’énergie à ce récit qui permet un accès unique à des lieux rarement fréquentés – prisons, bases militaires, barrages et zones de guerre.
C’est aussi un roman qui nous interroge sur la magie de l’amour, comment il naît au moment le plus inopportun, se jouant de toutes les situations, bravant la destruction, la difficulté à se déplacer, le danger, les combats. L’amour qui est paradoxalement l’une des plus grandes affaires des zones de guerre où deux questions reviennent souvent : comment survivre et comment s’aimer. Quand la violence fait rage, les amants semblent chercher à éprouver la fatalité. Comme un défi, on se permet d’aimer, de jouir, de perpétuer la vie.
L’auteure
Kyra Dupont Troubetzkoy, née en 1971, est titulaire d’une double maîtrise en relations internationales (The Graduate Institute) et journalisme (City University). Son attrait pour les causes humanitaires et environnementales l’entraîne au Cambodge comme grand reporter en 1996 ; productrice pour le correspondant de CNBS Asia, elle y réalise un long métrage documentaire. Après de nombreuses collaborations en presse écrite, radio et télévision en France, aux Etats-Unis et en Suisse, elle prend la tête de la rubrique internationale d’un grand quotidien suisse. En 2007, elle se lance à plein temps dans l’écriture et publie entre autres : Petit essai assassin sur la vie conjugale (Éditions Luce Wilquin, 2011) ou encore Perles des Emirats, Qui sont ces femmes derrière le voile ? (Éditions du Moment, 2014).
Mon avis
Gaïa est une jeune humanitaire, qui cumule les opérations dans des pays en guerre. Chaque chapitre correspond à un moment fort de sa vie. Entre 2000 et 2001, lors d’une mission en Ingouchie et en Tchétchénie, alors qu’elle tente de sauver des civils, elle tombe amoureuse de Peter, un agent des Forces spéciales américaines. Ils se sont rencontrés à un check-point. Ils vivent leur histoire, en pointillés, ponctuée par les longues absences et les silences de plusieurs mois du jeune homme. Au début, Gaïa ne connaît pas le métier de son amoureux et elle ne sait rien de sa vie personnelle. Certaines de ses collègues vivent aussi un amour clandestin et épisodique, rythmé par l’absence.
Gaïa raconte la difficulté de leurs missions. Les humanitaires sont pris pour cibles, alors que leur objectif est d’apporter une aide. Alors que le premier chapitre décrit ses actions au profit d’innocents, en montrant les difficultés, celui qui correspond à son séjour en Afghanistan, en 2002, montre une autre facette de son métier, une que, même si j’avais le courage d’aller dans un pays dévasté par la guerre (ce qui n’est pas le cas), je serais incapable d’envisager. Gaïa est chargée de contrôler les conditions de détention des talibans. Ce passage m’a beaucoup remuée et m’a montré que mon humanité a ses limites.
Lorsqu’elle n’est pas dans l’action, il est difficile pour Gaïa de vivre sans adrénaline. Dans ces moments, elle s’interroge sur ses attentes au sujet de son amour. Mais dès qu’elle le retrouve, elle vit les instants intensément. Cependant, un tel amour peut-il durer ? A distance et sans contact ? Peut-il s’épanouir dans un quotidien, sans danger, lorsqu’il est né dans cette circonstance ?
Fondé sur des témoignages d’anciens humanitaires, ce roman décrit de l’intérieur ce que l’on ne voit pas dans les reportages d’informations. Il rend hommage à ces hommes et à ces femmes, qui, au péril de leur vie, apportent leur aide à ces populations sacrifiées sur l’autel de la guerre. A travers l’idylle de Gaïa et de Peter, il montre également le contraste entre ces forces opposées, mais chacune indispensable : l’humanitaire et le militaire. L’une sauve des vies, l’autre peut tuer, avec pourtant le même objectif : protéger. Un passage fort m’a particulièrement marquée : Peter raconte les épreuves d’intégration des Forces spéciales américaines.
Conclusion
A la frontière de notre amour est un roman documenté sur les forces présentes, lors des conflits. Je l’ai trouvé passionnant, en raison de l’immersion auprès de ceux prêts à se sacrifier. Mon seul regret est que le récit, si précis dans les faits, ne développent pas un peu plus les sentiments et les émotions. Cependant, c’est un livre nécessaire pour comprendre le travail courageux de ceux de qui la profession est de secourir ou de protéger et qui sont de plus en plus menacés.
Je remercie sincèrement l’agence Gilles Paris et les Éditions Favre pour ce service presse.
Un livre à mi-chemin entre le documentaire et la romance ? Je suis curieuse de connaitre ton idée. Merci…
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Coucou,
Pour moi, c’est un docu-fiction. Une part plus grande est consacrée à la vie des humanitaires, l’histoire d’amour est en filigrane, comme le sont les absences de Peter.
Bonne soirée
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Merci pour ces précisions.
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