
Même pas morts
Marc Magro
Éditions de Borée
Présentation éditeur
Août 2013. Le commissaire Paul Antonelli part avec sa femme et sa fille à La Baule rejoindre ses parents pour passer des vacances tous ensemble. Mais à leur arrivée, les grands-parents ont disparu….Paul va donc remuer ciel et terre pour les retrouver. Mais c’est dans leur passé que se trouve la clé : quand Anna, sa grand-mère, fut sauvée du ghetto de Varsovie. Pour retrouver ses parents, le commissaire devra faire la lumière sur les non-dits familiaux, qui le mèneront dans les milieux néo-nazis…
Mon avis
Août 2013. Lorsque Paul arrive à La Baule, avec sa femme et sa fille, pour passer les vacances avec ses grands-parents, dans la maison qu’ils ont louée, ces derniers ne sont pas là. Cela ne leur ressemble pas. Après avoir questionné les commerçants voisins, il signale leur disparition, à la Police. Il est lui-même commissaire à Bordeaux. Julien Dolons est chargé de l’enquête. Entre lui et Paul, une complicité se crée aussitôt. Il y a du respect et de l’empathie, de part et d’autre. Le soutien de Julien ne faiblit pas, malgré une enquête très longue. Pendant des années, les deux hommes mènent les investigations, côte à côte.
Le père de Paul n’a pas parlé à ses parents, depuis des années. Cependant, c’est lui qui oriente les recherches de son fils. Il lui envoie un article de journal au sujet d’un film de propagande nazie, tourné dans le ghetto de Varsovie, en 1942, et qui était considéré comme une représentation réelle de la vie du ghetto. Le tournage a eu lieu quelques semaines avant les déportations vers les camps d’extermination de Treblinka. En 1998, une bobine manquante a été découverte et a révélé la manipulation des images par les nazis. Anna, la grand-mère de Paul, avait dix ans, en 1942. Elle a été sauvée du ghetto. C’est son histoire que son petit-fils va devoir remonter.
Pour bâtir son intrigue, Marc Magro s’est fondé sur un fait réel méconnu. L’intérêt de Même pas morts se situe autant dans l’aspect polar que dans celui historique. L’enquête est douloureuse : Paul est confronté à l’horreur du néo-nazisme, celui durant la guerre, mais aussi celui qui sévit encore à travers le monde. J’ai été atterrée par les crimes qui sont encore commis de nos jours, au nom de cette idéologie immonde. L’auteur montre, également, de quelle manière, certains ont réécrit l’Histoire, à leur avantage. Il dénonce la réticence des gouvernements à juger les criminels de guerre, encore vivants. Certains d’entre eux sont protégés et n’ont jamais eu à répondre de leurs actes, bien que certaines organisations les recherchent. Il rend aussi hommage aux Justes parmi les Nations et décrit les investigations minutieuses et documentées qui aboutissent à cette reconnaissance.
Le suspense est très fort, Paul est investi personnellement dans cette enquête. Il aime profondément ses grands-parents et il veut connaître la vérité. Sont-ils encore en vie ? Morts ? Ne pas savoir est invivable. De plus, ses recherches ont attiré l’attention sur lui. Sa famille et lui-même sont en danger. Il doit aussi résoudre les crimes qui endeuillent sa ville. Enfin, Paul est marqué par un évènement traumatique de son enfance, qui le hante.
La fille de Paul est particulièrement attachante. Elle a dix ans, au moment des faits. Elle est précoce et s’intéresse énormément au travail de son papa. Certaines de ses remarques pertinentes sont précieuses, au même titre que celles d’un jeune libraire qui est à l’origine de nombreuses pistes. J’ai aussi aimé la solidarité entre les policiers de différents pays d’Europe. La cohésion et l’union de leurs forces permettent de belles avancées. Mais qu’est-il arrivé à Anna et à René ?
Conclusion
Le suspense est fort, les faits historiques dénoncés sont peu connus, leur incidence sur le monde actuel est glaçante, cependant, au milieu de cette noirceur, les personnages principaux sont source de lumière, ils dégagent une humanité, qui permet à ce livre de ne pas sombrer dans une pesanteur. Les investigations sont entrecoupées par des tranches du quotidien, par la vie qui continue. Je vous recommande vivement Même pas morts que j’ai adoré.
Je remercie sincèrement Virginie des Éditions de Borée pour ce service presse.
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