
Pour te voir cinq minutes encore
Aurélie Le Floch
Éditions Ateliers Henry Dougier
Quatrième de couverture
» Le 31 janvier 1994, mon père est mort du sida. J’avais quinze ans, lui trente-six. Durant sa courte vie, il a aimé des femmes et des hommes, puis ce mal sournois l’a emporté très vite… »
À travers ses yeux d’enfant puis d’adolescente, Aurélie Le Floch raconte une jeunesse, sa jeunesse, et cette relation père-fille à la fois sensible et pudique. Elle se remémore tout en flashback la joie des vacances près de la Baule avec » les amis de la plage « , les séparations douloureuses, les premiers signes de fatigue de son père, l’impossibilité d’en parler.
Elle se souvient surtout de cet homme, un personnage libre et solaire, souvent absent et pourtant si présent.
Mon avis
Ce livre est court et dense, à la fois. Comme la narratrice, mes parents ont divorcé, alors que j’étais très jeune. Comme elle, je ne voyais pas souvent mon père, mais il était très présent en moi. A la page 33, elle écrit, alors qu’elle rejoint son papa et sa grand-mère, pour les vacances : « dès la sortie du train, je rejoins mon deuxième monde, celui où je peux rire et parler librement ». Au mois d’août, je disais que les vraies vacances commençaient enfin. L’attitude de sa mère me rappelle celle de la mienne, sur certains points, et comme elle, mon refuge était les livres.
Mais, le 31 janvier 1994, le père d’Aurélie Le Floch est mort du sida, à l’âge de trente-six ans. L’auteure avait quinze ans. Vingt ans après, elle n’arrive toujours pas à dire la cause du décès de son papa, par peur des réactions. Pour te voir cinq minutes encore lui permet de le faire. Mais c’est aussi et surtout, une déclaration d’amour d’une fille à son père. Ce sont ses souvenirs des moments avec lui, qui ponctuaient ses années d’enfance , au rythme des vacances scolaires, et qui lui apportaient de la lumière et de la joie. Cet homme, c’était ce souffle qui lui permettait d’être elle-même, de libérer sa respiration. C’était le visage rayonnant d’un parent qui regarde son enfant grandir, à distance, et qui se retrouve, parfois, démuni. Ce livre, c’est aussi l’apparition de la maladie, celle qu’on évite de nommer et le choc de la compréhension de ce qu’elle implique. Aurélie raconte la perception qu’elle en a eu, ce qu’elle a compris et ce qu’elle n’a pas appréhendé, en raison de sa jeunesse.
Je le disais, en préambule, ce témoignage est court (80 pages), pourtant, il dit énormément. Comme le papa qui était peu présent, physiquement, mais tellement présent, par son amour. Sa mère, qui lui donne peu d’attention, s’efface au fil du récit, de la même manière que l’on ressent qu’elle l’a fait, dans la vie de son enfant. Il ne reste que la relation qui unit une fille à son père.
J’ai la chance d’avoir toujours mon papa, et j’aurais tant de choses à lui dire, après cette lecture qui m’a beaucoup touchée. L’éditeur présente sa collection Une vie, une voix, par ces phrases : « Des vies ordinaires, des voix singulières dessinent notre patrimoine sensible, notre mémoire commune. Ces récits sont réels. Ces histoires sont la nôtre ». C’est exactement ce que j’ai ressenti, aussi, j’ai été très émue par ce cri d’amour.
Je remercie sincèrement Anna des Ateliers Henry Dougier pour ce service presse.