
Le nombril de Solveig
Olivier Sorin
Éditions des Lacs
Quatrième de couverture
Standor a rencontré Solveig mais elle le quitte au seuil de chaque hiver puis lui donne la clef lui permettant de la retrouver à l’aurore de chaque automne. Quel est le secret de cette femme qui la pousse à fuir un bonheur parfait et à laisser cet homme en proie au vertige de l’abandon et de la solitude sans jamais lui avouer la blessure qui la ronge ?
Ce roman décrit la relation pendant deux décennies entre Standor et Solveig, femme pointillant la vie du photographe amoureux d’un fantôme qu’il ne parvient pas à fixer dans sa vie. Standor Moire va tout au long de cette histoire tenter de retenir celle qui disparaissait et réapparaissait au gré de ses automnes.
Le récit narre la fuite de cette femme, de ses retours grâce aux pellicules photographiques de Standor et de l’enquête de l’homme pour comprendre comment le nombril de sa promise n’avait pas d’autre alternative que de se donner rendez-vous sur ces vieux films argentiques.
Mon avis
Standor rencontre Solveig au rayon sardines du Monoprix de son quartier et tombe, immédiatement, amoureux d’elle. Or, elle disparaît le lendemain. Il ne connaît pas son nom, il n’a pas de photo d’elle, mais il la cherche. Sa démarche désespérée lui vaut des déconvenues.
Un an plus tard, lors d’un voyage au Maroc, il achète un vieil appareil photo argentique. Lorsqu’il fait développer la pellicule, la jeune femme est sur une des photos, avec une pancarte lui donnant rendez-vous. Puis, une fois encore, la belle s’évapore.
« Solveig n’existait que dans le froid et la neige des hivers précoces ou la pluie des automnes ponctuels. » (p.264) Standor construit sa vie autour des apparitions, au début de l’automne, et les disparitions, au début de l’hiver, de la femme qu’il aime, sans conditions. Au fil des rencontres, elle laisse des traces d’elle, des bouts d’elle qui sont de plus en plus précieux.
Standor choisit de profiter de ces éclipses, il les aide à prendre vie et savoure ces moments de bonheur. Il aime Solveig et accepte ce qu’elle peut lui donner. Elle lui offre tant, quand elle est là.
Le nombril de Solveig est l’histoire d’un amour inconditionnel, qui se construit dans l’attente. C’est la vie de deux personnes qui s’aiment, même dans l’absence, et leurs sentiments grandissent à chaque fois qu’ils se retrouvent. Standor est un homme passionné : il ne réfrène pas ses émotions, il respecte les silences et les mystères de Solveig. Son abnégation est remplie de romantisme. « Solveig ne pouvait m’offrir qu’un trimestre de bonheur par an […] Elle ne produisait que des pointillés heureux. Était-ce plus satisfaisant qu’un trait fade et continu ? » (p.265). Aussi, alors que je me questionnais sur la magie qui permet à l’amante éphémère de donner des rendez-vous à son amoureux passionné, ce dernier se laisse porter par les espoirs et reçoit comme un cadeau les bribes de bonheur. Il privilégie l’intensité à la quantité. Il ne cherche pas à percer les secrets : seule l’arrivée compte et non pas le chemin qui y mène.
Le récit se déroule de décembre 2017 à 2030. Olivier Sorin anticipe ce que sera la vie politique de notre pays, les avancées technologiques et notre mode de vie. La période que nous vivons montre le risque d’écrire sur le futur proche. J’ai été perturbée en lisant les pages se déroulant en 2020. En effet, qui aurait pu imaginer le confinement ? Cela m’a fait bizarre de lire que Standor pouvait se déplacer librement et voyager.
Je pense que ce sont pour toutes ces raisons que de nombreux coups de cœur circulent sur la toile. Malheureusement, mon ressenti est plus mitigé. J’ai été déstabilisée, dès le début, par un petit détail qui a pris de l’importance pour moi. Alors que je ne lis que dans ma tête, j’entends le rythme et la musicalité du texte. Pour moi, les virgules servent à marquer une pause et à reprendre sa respiration. Certains passages sont longs et, en ce qui me concerne, manquaient de ce signe de ponctuation et je me sentais essoufflée. Ensuite, moi qui me pense sentimentale, j’ai eu la sensation de ne pas l’être, car j’ai été hermétique à la douleur que ressentait Standor. Je ressentais un agacement lorsqu’il recherchait Solveig. J’avais envie de lui dire de passer à autre chose. Au final, c’est lui qui avait raison, comme le montre la fin très émouvante. Enfin, je suis sensible aux livres qui mettent en valeur la richesse de la langue française. Olivier Sorin le fait parfaitement. Peut-être trop. En effet, le fait de vérifier, très souvent, les définitions des mots, semble avoir entravé mon immersion dans l’histoire.
Certains blogueurs ont comparé Le nombril de Solveig au Fabuleux destin d’Amélie Poulain (film que je n’ai, hélas, pas aimé). Si vous avez aimé ce long-métrage, foncez acheter ce roman.
Je remercie sincèrement Olivier Sorin et les Éditions du Lac pour ce service presse et pour leur patience.
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