
L’enfant de la colère
Michel Serfati
Éditions Phébus
Quatrième de couverture
Nadia n’a jamais connu son père, mort avant sa naissance. À dix-sept ans, elle apprend que Nâzim, né en Turquie, immigré en France, avait été abattu lors d’une attaque de banque. Comme une frange de la jeunesse révoltée des années 1980, il s’était fourvoyé dans un groupuscule violent, au nom d’une lutte radicale contre l’injustice. Bouleversée, Nadia va chercher à renouer les fils de son histoire, entre Strasbourg où elle a grandi, et Istanbul où s’est réfugiée une ancienne complice de son père. Perdue, elle trouve un peu d’apaisement dans le hang, un instrument de musique dont elle joue bientôt dans les rues, en Alsace et dans la métropole turque. Y trouvera-t-elle de quoi combler l’absence ? Avec ce roman sur l’engagement, l’exil, la violence et la rédemption, Michel Serfati nous offre aussi le récit sensible d’une quête des origines.
Michel Serfati a successivement été ouvrier dans l’industrie, éducateur spécialisé, formateur et cadre dans un établissement pour personnes handicapées. Il est l’auteur de Finir la guerre, lauréat du Festival du premier roman de Chambéry en 2016.
Mon avis
Nadia a grandi, auprès de sa mère, avec un besoin non comblé : celui de connaître la vérité sur sa naissance et sur son père. A dix-sept ans, elle apprend qu’il a été abattu, lors d’une attaque de banque, sans savoir qu’il allait être papa. Né en Turquie, immigré en France, il voulait lutter contre l’injustice et s’était uni à de jeunes radicaux. La jeune fille veut reconstituer l’histoire paternelle et suit les traces de Nâzim. Pour cela, elle se rend en Turquie et se lance dans une quête absolue et presque impossible. Elle essaie de retrouver Anne, qui faisait partie du groupe et qui vit, cachée depuis plus de vingt ans, sous une fausse identité.

Nadia fait le voyage, accompagnée de son instrument, le Hang. Il est autant un prolongement d’elle-même, qu’un mode de vie, un vecteur de communication et un créateur de lien social. Il est à l’origine de plusieurs rencontres, car il est très rare, les concepteurs sélectionnant les acquéreurs. Je ne connaissais pas, aussi, j’ai regardé des vidéos sur Internet et j’ai été époustouflée.
En enquêtant sur la vie de son père, Nadia se cherche elle-même, c’est une véritable quête d’identité. Elle est très touchante. Ses démarches, pour rencontrer Anne, qui a été condamnée par contumace, sont empreintes de respect. Elle ne cherche pas à lui nuire. Elle veut, simplement, qu’on lui parle de Nâzim, afin de découvrir qui elle est. En Turquie, elle va se découvrir une famille de cœur. Mais son voyage intérieur n’est pas fini. « Partir pour te trouver toi, ça veut dire quoi ? Partir, c’est parfois aller nulle part. C’est aussi faire des parts, se départir de quelque chose, d’une part de soi, tu le sais, c’est se diviser. Tous les exilés savent ça. »
Anne, quant à elle, s’est construit une nouvelle vie, avec la peur que le passé la rattrape. Elle doit, également, vivre avec le poids des conséquences de l’attaque de la banque. Elle a « fait la triste expérience que les remords n’évitent pas les regrets, pire que les remords sont une forme de regrets irréversibles, avec de la culpabilité en plus. » Peut-on se pardonner lorsque l’on a fui la justice des hommes ? Deux décennies d’une vie, sans aucune infraction, sans mauvaise action, peuvent-elles faire oublier le délit commis et la mort d’un ami qui s’en est ensuivie ? A-t-on droit à une deuxième chance ?
La plume est élégante et sensible. Je me suis arrêtée, plusieurs fois, pour savourer son harmonie, sa musicalité et les images qu’elle évoque. J’ai, énormément, aimé l’histoire de Nadia et l’écriture est une composante importante de mon coup de cœur.
Conclusion
L’enfant de la colère est un très beau roman de quête d’identité et de racines, de pardon, de chemin de vie et de résilience, sublimé par une plume magnifique.
Je remercie sincèrement NetGalleyFrance et les Éditions Phébus pour ce service presse.