
La soif des bêtes
Johann Guillaud-Bachet
Éditions Calmann-Lévy
« Quelque chose les enveloppait. Un écho, un murmure de rage, qui démangeait les âmes, les épluchait, réduisait les corps au sang. »
Ludo et David enchaînent les nuits à damer les pistes de ski pour un salaire de misère. Au cœur des montagnes qui les ont vus naître, le petit fûté et le géant naïf ont toujours veillé l’un sur l’autre.
Lorsque David trouve un corps dans les bois, à moitié dévoré, Ludo décide de le cacher pour leur éviter des ennuis.
Bientôt le géant prend l’habitude de se confier au cadavre, enfoui au fond de son étable sous une épaisse couche de glace.
Avec la sécheresse exceptionnelle qui sévit cet hiver-là, un mal étrange rode dans la forêt. Dans la commune, la colère gronde : quelle est cette rage qui transforme les animaux les plus paisibles en fauves ? Comment la station produit-elle encore de la neige artificielle alors que l’eau manque au robinet ?
Le géant le sent : un fil se tend qui enserre les bêtes et les hommes et leur fait perdre la tête.
Johann Guillaud-Bachet vit et travaille dans un village des Alpes. La Soif des bêtes est son second roman.
Mon avis
David est un homme très grand, physiquement, avec un esprit et une âme d’enfant. Son ami, Ludo, est malin, mais il est torturé et tiraillé entre ses envies de s’élever socialement et ses qualités de cœur. Sa femme ne l’admire plus, il sent qu’il risque de la perdre. Lui, qui a failli ne jamais naître, n’a jamais trouvé sa place et a fait de l’alcool, un refuge.
Lorsque David découvre un corps, dévoré par les bêtes, Ludo décide de le cacher, dans l’écurie du premier, qui vit isolé. Les deux hommes sont dameurs sur les pistes de ski et ils attendent le moment opportun pour enfouir le mort, sous la neige. Bien qu’ils ne soient pas responsables, David culpabilise et s’attache au défunt. Il prend l’habitude de lui parler. Il s’inquiète aussi du mal qui envahit la forêt : alors que la station produit toujours de la neige artificielle, l’eau manque partout ailleurs ; les comportements des animaux et des hommes changent. Pour le jeune homme, ils sont atteints du fer.
La soif des bêtes commence par la découverte du corps et la scène est sanglante. Au début, j’ai pensé lire un thriller et j’ai découvert un livre inclassable. Il est vrai qu’il est composé de suspense et qu’il est très noir. Certaines scènes sont difficiles à lire. Les mots sont si bien choisis que j’ai eu la sensation de sentir l’odeur de putréfaction, de voir les plaies et le sang qui coule. Mais lorsque la folie s’empare des hommes, certains passages sont déchirants. J’étais éblouie par la beauté du texte et j’ai eu les yeux remplis de larmes. Johann Guillaud-Bachet a planté des épées dans mon coeur de défenseur des animaux et a tourné les lames. Mon regard était ancré dans l’âme des bêtes que certains ont prises pour cible.
Il n’y a qu’un amoureux de la cause animale qui peut écrire un texte aussi fort. Le message de l’auteur est humaniste et prône le respect de la nature. David en est la représentation. Sa souffrance est immense et il tente de contrer les conséquences des actes commis par les hommes motivés par l’appât du gain. Il abreuve les animaux d’eau et d’amour. Celui qui est appelé « le débile » par les ignorants, est le plus intelligent de tous, car il a l’intelligence du cœur.
Ce roman est aussi une magnifique histoire d’amitié, composée de confiance, d’abnégation, de sacrifice, de sincérité et de réciprocité : celle de David et de Ludo. Je les ai aimés. Le premier m’a attendrie et émerveillée. Le deuxième m’a touchée : il fait des erreurs de parcours et des mauvais choix, mais il n’oublie pas qui il est, d’où il vient, même s’il est perdu et il place l’humain au centre de ses décisions.
Conclusion
La soif des bêtes est un énorme coup de cœur, un de mes plus gros de cette rentrée littéraire. C’est un roman noir, au suspense saisissant, mais aussi un récit empli d’humanité et d’animalité. L’écriture de l’auteur est magnifique, ses mots sont bouleversants pour décrire le mal et la beauté de l’humain, au sein de la nature. En montrant les travers de l’homme, il ramène à l’essentiel.
Johann Guillaud-Bachet m’avait contactée pour me proposer de découvrir La soif des bêtes et je le remercie vivement, car je suis émue d’avoir lu cette pépite qui m’a poignardé le cœur, comme j’aime qu’un livre le fasse. Aussi, je me suis empressée d’acheter le précédent ouvrage de l’auteur : Noyé vif.
Je remercie sincèrement Adeline des Éditions Calmann-Lévy et Johann Guillaud-Bachet pour ce service presse.
Ben dis donc Lieutenant Complice. 🐌 Tu nous envoies du lourd. Merci à toi pour cette magnifique chronique. Inutile de te dire que je bave partout. 😍😘
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Coucou ma complice,
Je suis sûre que tu l’adorerais et qu’il te toucherait autant qu’il m’a émue. ❤️ Je ne m’attendais pas à cet effet, en le commençant. C’est une merveilleuse surprise.
Gros bisous à toi.😘
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