Le voyageur, Ulrich Alexander Boschwitz

Le voyageur

Ulrich Alexander Boschwitz

Éditions Grasset

Quatrième de couverture

En novembre 1938, Otto Silbermann devient un homme traqué du jour au lendemain. Il a beau être un industriel respecté et ancien combattant de la Grande Guerre, rien n’arrête désormais ceux qui s’en prennent aux citoyens juifs allemands. Quand il se retrouve chassé de son appartement – son épouse aryenne est déjà partie se cacher à la campagne – il envisage d’abord de rejoindre son fils, en exil à Paris. Mais comment faire pour quitter le territoire quand les frontières sont bouclées et le pays en état d’urgence ? Il se résout à brader les parts qu’il possède dans sa société, puis, avec une serviette remplie de tout l’argent qui lui reste comme seul bagage, il tente de disparaître. De train en train, de gare en gare, son voyage se transforme en fuite effrénée. Il rencontre d’autres Juifs en danger comme lui, mais aussi des Allemands ordinaires et des Nazis convaincus.

Le voyageur est un témoignage littéraire unique de la situation en Allemagne au moment de cet événement que les manuels d’Histoire appellent aujourd’hui la «  Nuit de cristal  ». L’indifférence ou la haine d’un côté, la peur panique et la volonté de survivre de l’autre – aucun roman de l’époque n’a su capter avec autant de justesse et de force ce jour qui marquera pour toujours un point de basculement collectif dans l’Histoire européenne.

La publication du roman de Boschwitz, Le voyageur, permet la découverte d’un roman extraordinaire que l’on croyait perdu et nous offre un regard exceptionnel sur les heures les plus sombres de l’Histoire européenne.

Traduit de l’allemand par Daniel Mirsky.

Mon avis

Novembre 1938, Otto Silbermann cherche à vendre son appartement et à quitter l’Allemagne. Un soir, il est contraint de fuir son logement puisque des hommes viennent tout saccager et arrêter tous les Juifs. C’est ce qui sera appelé, par la suite, la Nuit de cristal. 

Otto se lance alors dans une course contre la mort. Il est en danger partout. Même si on lui dit que son physique de type aryen est une protection, il y a un « J » sur son passeport. Il a tout perdu : son entreprise, sa dignité, la majeure partie de son argent et son identité. Les frontières sont fermées. Tenter de les passer avec de l’argent est synonyme de mort, mais il est impossible de survivre sans moyens. Otto ne sait pas comment sauver sa vie, alors il voyage. Il passe de trains en trains, revient en arrière, puis reprend le même train. Il enchaîne les correspondances.

Au fil des trajets, il rencontre la haine, l’indifférence ou la peur. Il tente d’analyser son époque. Mais, comment décrire l’inexplicable ? Les gens qu’ils croisent sont représentatifs de son époque. On ressent la peur qui dégouline dans le dos d’Otto, on est tendu, dans un stress dû aux répétitions de situations. Un stress répétitif comme la fuite d’Otto. Comme lui, on tourne en rond sur les voies ferrées, car on ne sait pas quelle solution lui souffler : il n’y en a pas. D’autant plus, que nous, lecteurs, nous sommes plus informés que lui sur les atrocités nazies. On sait ce qui l’attend s’il se fait arrêter.

J’ai vraiment ressenti la peur qui colle à la peau d’Otto, son épuisement, son angoisse, son envie de vivre et son envie de tout arrêter. Il n’en peut plus.

Le voyageur est un roman, mais c’est pourtant un témoignage fort au sujet de l’Allemagne, avant la guerre, après l’arrivée au pouvoir du nazisme. La préface nous indique l’année d’écriture de ce manuscrit. Et la lecture prend immédiatement une dimension particulière. Les précisions de l’éditeur, à la fin du livre, donnent encore plus de puissance et de rareté à ce récit.

Je remercie sincèrement Netgalley et les Éditions Grasset pour ce service presse.

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