
Le Dernier Chant des Cigales
Alain Delage
Éditions De Borée
Quatrième de couverture
Automne 1955. Toussaint Gariel, maire du village de Saint-Romain, niché dans l’arrière-pays varois, est convoqué à la préfecture. Sa mission : annoncer à ses administrés une nouvelle qui va bouleverser leur vie. Leur village va être absorbé par le nouveau camp militaire de Canjuers. Expropriés, les habitants doivent quitter leur maison dans un avenir très proche. Comment faire accepter l’inacceptable ? Toussaint va devoir faire face à la résistance annoncée des villageois, exacerbée par les jalousies et de vieilles rancoeurs qui refont surface. Quel sera le sort de Saint-Romain et de ses habitants ?
Mon avis
Toussaint est maire d’un petit village dans le Var : Saint-Romain. En automne 1955, il est convoqué par le Préfet qui l’informe que sa commune va disparaître et devenir un camp d’entraînement pour l’armée. A charge pour lui d’annoncer à ses administrés qu’ils vont être expropriés. Toussaint ne peut pas accepter cela sans se battre. Mais quelles sont les armes d’une centaine d’habitants face à « l’intérêt général » décidé par les hautes sphères de l’Etat ?
L’administration décide sans tenir compte de l’humain. Les villageois vivent, depuis plusieurs générations, dans leur maison et refusent d’en être dépossédés. L’union fait-elle la force ? Est-elle possible quand les rancœurs se transmettent de père en fils ? L’incrédulité, le refus, la résignation, la révolte et les gestes tragiques sont les différentes réactions de la population face à la nouvelle. Alain Delage montre ce qui n’apparaît pas dans les chiffres et les statistiques : la douleur morale et la peine de perdre ce que l’on a passé une vie, parfois plus, à construire.
Cependant, malgré le sujet grave et douloureux, ce livre n’est pas triste. J’ai ri très souvent. Les dialogues sont savoureux, les jeux de mots sont délicieux, j’aime énormément l’humour d’Alain Delage. Sa plume est vive et les nombreux dialogues rendent le texte très dynamique et vivant.
L’auteur a un don pour créer l’attachement aux personnages. Comment ne pas faire preuve d’empathie envers ces personnes qui vont tout perdre et qui tentent le combat du pot de terre contre le pot de fer. Il est vrai que pour convaincre certaines volontés, il faut faire certaines promesses que l’on n’est pas sûr de pouvoir tenir. Mais le résultat dépasse les attentes, ce n’est pas le prêtre qui dira le contraire. Cela suffira-t-il à faire avorter les projets de la Préfecture ?
Dans Le Dernier Chant des Cigales, on ressent l’amour de l’auteur pour le terroir et la nature. Un passage sur les conséquences que la désertification du village aurait sur les cigales est très émouvant.
La fin de l’histoire m’a bluffée. Une révélation sur un personnage m’a abasourdie et choquée. J’ai été déchirée par des sentiments opposés et j’ai aimé l’inconfort que cela a déclenché en moi.
Même si cette histoire est une fiction, Alain Delage s’est inspiré de la disparition réelle du village de Brovès, en 1970. L’auteur explique dans la préface de quelle manière lui est venue l’inspiration et la documentation à la fin du livre est une formidable valeur ajoutée.
C’est le troisième ouvrage que je lis d’Alain Delage et j’ai adoré les trois. Cet auteur devient une valeur sûre pour moi.
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Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions De Borée pour ce service presse reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique.
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