
Passeurs d’ombre
Marie Kuhlmann
Éditions Presses de la Cité
Quatrième de couverture
Durant la Seconde Guerre mondiale, en dépit de ses amours interdites avec « l’ennemi », Blanche parvient, dans l’ombre, à mener des actes de résistance. Avec en toile de fond les mines de potasse d’Alsace et la tragédie des « malgré-nous ».
Après Le Puits Amélie, chronique d’un village d’Alsace autour de la première grande mine de potasse, Passeurs d’ombre retrace les actes de résistance de Blanche, une jeune veuve, pendant la Seconde Guerre mondiale, et la tragédie des « malgré-nous ».
En 1939, Blanche Lecaroux, veuve, dirige les œuvres sociales des Mines de potasse d’Alsace. Lorsque celles-ci sont occupées par les Allemands, elle doit accueillir Kurt Friedrich, le nouveau patron du puits Amélie. Celui-ci se comporte en occupant autoritaire et cassant. Mais il n’est pas nazi. Veuf lui aussi, il a voulu revoir Blanche, qu’il n’a jamais cessé d’aimer. En dépit de ses amours interdites, et bien qu’elle soit surveillée par la Gestapo, Blanche met sur pied un réseau de passeurs. Mais en toile de fond se trame une autre tragédie. Le Gauleiter Wagner, qui dirige l’Alsace, veut que les Alsaciens se battent dans l’armée allemande. Ceux qui tentent de fuir sont exécutés et des représailles s’exercent sur leurs familles. Beaucoup de « malgré-nous » se retrouvent d’office incorporés dans les Waffen SS…
Mon avis
Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ! En 1939, Blanche dirige les œuvres sociales des mines de Potasse d’Alsace. Les Allemands occupent la région et l’annexent au IIIe Reich. En utilisant la propagande, ils veulent faire croire que c’est le choix des villes occupées. Ils obligent Blanche à loger
Kurt Friedrich. Ce dernier avait été expulsé de l’Alsace, comme ses compatriotes allemands, après la Première guerre et tous les deux n’ont jamais cessé de s’aimer. Alors que Blanche est surveillée par la Gestapo, mais aussi rejetée par la population locale, elle monte un réseau de passeurs.
Lors des premières pages, j’étais un peu perdue. J’ai relu plusieurs fois, l’avant-propos afin de situer les personnages qui étaient nombreux. J’ai compris à la fin du livre que c’était le deuxième tome d’une saga. Sincèrement, je n’ai été gênée que durant quelques pages.
J’ai adoré ce livre qui décrit ce qu’ont subi les Alsaciens pendant la guerre. Ils étaient obligés de renier tout ce qui était français. Les hommes étaient obligés de s’enrôler auprès des Allemands, sans possibilités de fuir, sinon leur famille serait déportée. Marie Kuhlmann dépeint très bien la tragédie des malgré-nous, ces Français qui étaient dans l’armée allemande, contre leur gré. Comment vivre ensuite quand on doit se battre contre sa patrie et tuer ses compatriotes ?
La méfiance est des deux côtés. Certains Allemands ont aidé la Résistance. Bien entendu, ils ne pouvaient pas le faire savoir, pour ne pas alerter les nazis. Aussi, ils subissaient la haine des habitants.
Cette histoire fondée sur des faits réels raconte le destin de Blanche. Elle était soupçonnée de collaboration horizontale, détestée pour cela par certains membres de sa famille. Pourtant, elle œuvrait pour faire passer des personnes en Suisse. Sa situation fait que le danger pour elle pouvait venir de deux côtés : la Gestapo et ses proches. Elle est surveillée de tous les côtés et suscite la haine. Les sentiments sont très bien rendus et j’ai ressenti le déchirement des familles.
Conclusion
J’ai adoré cette saga familiale et historique qui dépeint la difficile condition d’une région qui a vécu trois guerres et changé quatre fois de nationalité. Elle montre le déchirement des habitants lorsque pour survivre, il faut aller contre ce que l’on est et faire des actes inacceptables pour soi. Passeurs d’ombre parle de Résistance, de trahison, de collaboration, de courage, d’abnégation, de drames et d’amour, etc. C’est une superbe réhabilitation de ces Français forcés de combattre pour l’armée allemande, les Malgré-Nous.
Passeurs d’ombre existe en version poche, aux Éditions Pocket.