
Sous le soleil de mes cheveux blonds
Agathe Ruga
Éditions Stock
Quatrième de couverture
L’une est blonde, secrète et bourgeoise. Au lycée, on la surnomme Brigitte. L’autre, extravertie et instable, répond au nom de Brune. Toutes deux sont encore des jeunes filles pleines d’avenir. Ensemble, elles se le promettent, elles pourront tout vivre.Traversant les années folles de la jeunesse, elles découvrent la joie d’aimer, de danser, de rire et de boire jusqu’au petit matin en rêvant à leurs destins de femmes. Mais un étrange jour d’été, tout s’arrête brusquement. Sans donner aucune explication, Brigitte rompt leur amitié et disparaît.
Les années passent mais n’effacent pas la douleur de l’absence. Lorsque Brune tombe enceinte, le moment est venu de comprendre ce qui s’est joué entre elles, ce qui les a unies puis séparées. D’autant que Brigitte, dont elle n’avait plus la moindre nouvelle, revient la hanter : dans ses rêves, elle aussi attend un enfant… Avec brio, Agathe Ruga explore une tranche de vie aussi enivrante que violente, celle des premières fois, de l’éveil de la féminité, du passage à l’âge adulte et des désillusions, jusqu’à la délivrance.
Mon avis
J’ai commencé à suivre Agathe pour ses chroniques littéraires, qui sont d’une grande sensibilité avec des envolées qui me feraient acheter tous les livres dont elle parle.
Alors qu’elle attend un bébé, Brune repense à l’amitié qui la liait à Brigitte. Elles sont aussi opposées physiquement que psychologiquement. Dix ans d’une amitié remplie de fêtes, d’études, de complicités, de confidences, de trahisons et de réconciliations. Puis, tout s’est arrêté subitement. La blessure est toujours vive, d’autant plus que c’est l’incompréhension qui domine dans le cœur de Brune.
La jeune femme revient sur cette amitié qui oscille entre fusion et toxicité. En décryptant ce lien, c’est surtout Brune qui se révèle. C’est une jeune fille qui a grandi sans certains repères et qui se cherche. Elle revient sur ces années si importantes, qui construisent notre personnalité, celles pendant lesquelles presque tout est permis. Cette période des études qui requièrent tous les sacrifices (surtout quand il s’agit de médecine) alors qu’on est prêts à de nombreux excès : ceux qui deviennent des souvenirs qu’on ne veut pas oublier, qui procurent du plaisir quand on y repense. C’est l’éveil de la sensualité, l’âge des premiers amours qui comptent, celui où les actes peuvent avoir des conséquences à vie, c’est celui des choix qui engagent, c’est la transition entre l’adolescence et la vie adulte.
Au sein de cette amitié extrêmement forte, il y a les amours. Brune est une femme passionnée. Quand elle aime, elle se jette à corps perdu dans l’histoire. Brigitte est spectatrice. Dans ce roman très intime, Brune se dévoile entièrement, sans faux-semblants. C’est audacieux et touchant de la part d’Agathe Ruga. En effet, les sentiments décrits sont tellement profonds, les faits sont si justes et les confessions sont sans concessions, que la frontière entre la réalité et la fiction semble très mince. Ce récit est si authentique que j’ai la sensation que l’auteure s’est livrée sans filtre, avec une sincérité désarmante et émouvante. Cette mise à nu a ouvert la boîte de mes souvenirs intimes : ces hommes que j’ai connus, ces amies d’adolescence que j’ai perdues de vue, celle que je n’ai plus vue en raison d’un malentendu, celles que je revois dans les moments-clés de nos existences avec qui le lien ne change pas malgré l’absence, celles que j’ai retrouvées sur les réseaux sociaux, etc. C’est toute une phase de ma vie qui est remontée et, paradoxalement, ce ne sont que les bons moments. Une pointe de nostalgie dominée par le bonheur d’être celle que je suis maintenant et des choix que j’ai faits. J’ai envie de dire à Brune qu’elle peut être fière de la femme qu’elle est devenue.
Conclusion
Sous le soleil de mes cheveux blonds est un magnifique premier roman. La sensibilité d’Agathe Ruga que j’aime tant lorsqu’elle parle des autres est présente dans toutes les pages. C’est un livre qui nous fait nous aimer et rappelle que toutes les personnes que l’on a aimées, quelle que soit la fin de l’histoire, restent toujours en nous. Elles nous ont transformés d’une manière ou une autre.
Ce roman est l’histoire universelle d’un chagrin d’amitié décrit sous l’angle personnel de Brune. C’est également celle de la passion de la vie.
Message pour Agathe : une question me taraude. Les scènes avec Frédéric Beigbeder sont-elles du vécu ?
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