La fille au sourire de perles
Clemantine Wamariya et Elizabeth Weil
Éditions Les Escales
Quatrième de couverture
Un témoignage nécessaire qui nous incite à regarder au-delà du statut de victime. Clemantine Wamariya livre une histoire poignante et inspirante qui révèle l’importance de chaque existence et la puissance du récit.
Rwanda, 1994. Clemantine a six ans lorsqu’elle doit fuir les massacres avec sa grande soeur Claire. Sans nouvelles de leur famille, déplacées de camps de réfugiés en camps de réfugiés, elles affrontent la faim, la soif, la misère et la cruauté pendant six ans avant d’arriver aux États-Unis.
À Chicago, Clemantine est recueillie par un couple aisé et découvre soudain une toute autre réalité. Projetée dans un véritable rêve américain, l’adolescente est pourtant plus perdue que jamais. Une question s’impose alors : comment se reconstruire et donner un sens à son histoire après avoir vécu l’enfer ?
Sincère, urgent et bouleversant, La Fille au sourire de perles examine la question de l’identité et de l’appartenance, des cicatrices laissées par un traumatisme, mais aussi du rapport à l’autre quand celui-ci ne voit en vous qu’une victime.
Un témoignage actuel et plus que jamais nécessaire.
Mon avis
Les massacres font rage au Rwanda. Pour protéger Clemantine et sa sœur, leurs parents les font partir chez leurs grands-parents. Mais là aussi, il faut fuir.
Clemantine a six ans, sa sœur, Claire, en a quinze. Pendant six ans, elles vont aller de camps de réfugiés en camps de réfugiés, avant d’être accueillies aux Etats-Unis.
La fille au sourire de perles est le témoignage de Clemantine. Elle raconte les camps où il s’agit de survivre et non pas de vivre, mais aussi la difficile adaptation aux Etats-Unis. Comment se construire lorsque l’on a vécu l’horreur ?
Comme elle le fait dans sa vie d’adulte, Clemantine essaie de nous tenir à distance. Elle raconte la misère, la faim, la soif, la perte de dignité, la crainte pour sa vie, mais ne veut pas être vue comme une victime. Pourtant, l’enfer qu’elle a vécu ne peut qu’émouvoir et révolter. La description de la vie dans les camps m’a horrifiée. Tous ces hommes, femmes et enfants, obligés de fuir leur pays et qui vivent dans des conditions inhumaines m’ont bouleversée.
J’ai été profondément touchée par la responsabilité sur les épaules de Claire. Leurs vies dépendaient de sa débrouillardise, alors qu’elle était très jeune.
Dans les chapitres se déroulant aux Etats-Unis, Clemantine décrit les difficultés d’adaptation qu’elle a ressenties. Elle n’a pas eu d’enfance, elle n’a pas de repères. Elle ressent que les autres ne peuvent pas comprendre et elle a raison, on ne peut pas se mettre à sa place quand on n’a pas vécu un tel traumatisme. Ce livre montre qu’il est impossible d’imaginer les souffrances qu’elle a endurées, il montre les limites de l’esprit face à de telles souffrances. Elle a raison quand elle dit qu’on ne peut pas s’identifier à elle. Mais on comprend bien les barrières qu’elle a érigées entre elle et les autres.
Un livre va accompagner sa reconstruction. Il s’agit de La nuit d’Elie Wiesel. Elle s’est reconnue dans cet homme, qui est, lui aussi, un survivant. Elle m’a donné envie de lire cet ouvrage.
Conclusion
Même si le ton de Clemantine m’a donné la sensation de vouloir garder le lecteur à distance, par souci d’auto-protection, son témoignage est bouleversant et puissant. Il est nécessaire. Ce livre semble être un exutoire à la colère de la jeune femme. Elle exprime ce qu’elle ressent au sujet des massacres, des conditions de vie dans les camps et envers ceux qui pensent que toute souffrance est identique, que tous les réfugiés se ressemblent et sont une seule entité.